Bernard Dreano vient de publier un texte dans lequel il questionne l’utilisation du terme « terroriste » notion qu’il juge totalement confuse. Il rappelle que la notion de crime de guerre est, elle, bien établie. Au passage, il dénonce une « abjecte campagne politicarde pour diviser et affaiblir les oppositions de gauche en France ». En conclusion, il rappelle que « au-delà de l’indispensable mobilisation pour obtenir la fin de cette phase actuelle de massacre et de combat (un énième cessez-le-feu), nous savons tous qu’il n’y pas de paix sans justice, sans imposition du respect de tous les droits de tous ».
À propos de la guerre à Gaza (avec détour par Rome et Paris)
Par Bernard Dreano1Bernard Dreano est président du Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM) et de l’Assemblée européenne des citoyens AEC/HCA-France, coprésident du Comité français du Réseau Européen de Solidarité avec l’Ukraine (RESU).. Le 14 octobre 2023
Gaza est un territoire ayant connu différentes périodes de guerres et d’occupations ces dernières décennies, et qui est à proprement parler assiégé par les forces israéliennes (assistés par les Égyptiens) depuis juin 2007.
Les forces armées des assiégés, du Hamas et de ses alliées, ont effectué une sortie (c’est comme cela que ça s’appelle dans un siège) au cours de laquelle elles ont commis des crimes de guerres prémédités et avérés.
Les Israéliens ont entamé une opération de représailles dans laquelle ils annoncent explicitement qu’ils vont commettre des crimes de guerre, crimes qui ont commencé à une très large échelle. Ce ne sont évidemment pas les premiers crimes de guerre de la longue guerre israélo-palestino-arabe, mais la première fois que le nombre de victimes israéliennes est aussi important.
En faisant au moins 1400 morts, essentiellement civils, le Hamas a obtenu ce qu’il cherchait : une « victoire » symbolique puisque c’est le plus grand nombre de tués israéliens dans une « bataille » depuis 1948. Cette « réussite » morbide et criminelle lui donne malheureusement un prestige considérable auprès des populations humiliées, pas seulement en Palestine, ce qui assure sa pérennité quel que soit le nombre de ses membres qui vont être tués.
Les dirigeants de droite extrême et d’extrême droite israéliens n’ont pas caché leur intention d’une vengeance qui respecterait le sinistre quotient de 1 à 10 qui rythme les massacres dans la région : 14 000 morts palestiniens ? Le centre droit israélien et les dirigeants européens n’ont pas l’air de s’en inquiéter, ignorant l’alarme donnée par exemple par le mouvement israélien des droits humains B’Tselem.
Il serait étrange de s’opposer à quelque chose sans comprendre de quoi il s’agit, ou sans la décrire de façon précise. Il serait plus étrange encore de croire que toute condamnation nécessite un refus de comprendre, de peur que cette compréhension ne serve qu’à relativiser les choses et diminuer notre capacité de jugement.
Judith Butler2https://aoc.media/opinion/2023/10/12/condamner-la-violence/ Judith Butler est une philosophe féministe américaine dont l’ouvrage le plus connu est Trouble dans le genre publié en 1990, édition française La Découverte 2005.
Nous assistons ces derniers mois à des opérations guerrières « de haute intensité », avec leur lot de crimes de guerre, qui ont pour caractéristiques d’avoir été parfaitement prévisibles, c’est le cas à Gaza [3] depuis la mise à mort en 2006 du « processus de paix », c’était le cas en Ukraine (depuis les affrontements de 2014) ou au Haut-Karabakh, (depuis les affrontements de 2016) ; nos gouvernements ne peuvent pas faire semblant d’être surpris… Et nous non plus…
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Notes
- 1Bernard Dreano est président du Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM) et de l’Assemblée européenne des citoyens AEC/HCA-France, coprésident du Comité français du Réseau Européen de Solidarité avec l’Ukraine (RESU).
- 2https://aoc.media/opinion/2023/10/12/condamner-la-violence/ Judith Butler est une philosophe féministe américaine dont l’ouvrage le plus connu est Trouble dans le genre publié en 1990, édition française La Découverte 2005