Le Conseil Économique Social et Environnemental vient de publier un rapport. Il met en cause les politiques suivies par Macron et ses gouvernements et poursuivies par Barnier. Étienne Adam note que les places, dans ce classement, de l’environnement et des inégalités sociales éclairent sur les exigences sociales dans ce pays.

Le CESE est-il devenu une assemblée révolutionnaire ?

Par Étienne Adam. Le 24 novembre 2024.

Le CESE vient de publier un rapport qui met largement en cause les politiques suivies par Macron et ses gouvernements. Elles sont poursuivies par Barnier avec un projet de budget qui perpétue les mêmes choix politiques.

Le conseil économique, social et environnemental ‘CESE) est la 3ᵉ assemblée de la constitution. Il conseille le Gouvernement et le Parlement. Il représente les organisations de la société civile et associe les citoyens à la vie démocratique.

Inégalités et démocratie

Il vient de publier son Rapport annuel sur l’état de la France en 2024 (RAEF) qui vise à « dresser un large diagnostic sur l’état de la France, des Français et des Françaises ».

« Cette année, le RAEF met en lumière des liens multiples entre inégalités liées aux conditions de travail, au pouvoir d’achat, au logement et la défiance vis-à-vis des institutions et le pouvoir d’agir des citoyens et des citoyennes au plus près des territoires ».

Voilà donc un rapport qui donne des nombreux éléments concrets sur la crise de la politique, voire de la démocratie. Ils devraient être intégrés dans toute réflexion stratégique : comment répondre à la demande démocratique ? Les Français et les Françaises souhaitent mieux se faire entendre et prendre part à la construction de réponses aux problèmes locaux ou nationaux.

Pourtant, ils n’ont pas confiance dans les institutions. Ils marquent une nette défiance vis-à-vis des personnalités politiques. Cette nette défiance s’exprime en même temps qu’un fort attachement à la démocratie : « Bien qu’une large majorité des Français demeure attachée à la démocratie, cet attachement est mis à l’épreuve par la perception d’une classe politique déconnectée des préoccupations des citoyens. »

Le ruissellement : un succès pour qui ?

Ces « réserves » vis-à-vis des politiques ont des bases objectives liées à la place dans la société et aux inégalités sociales.

Le CESE dresse un bilan accablant pour les politiques suivies qui ont aggravé les inégalités et la situation de certaines catégories pour lesquelles elles persistent et se creusent.

C’est cet aspect que nous développerons ici parce que le bilan du CESE est une critique (polie certes, mais radicale) des conséquences de la politique dite de l’offre. Il serait d’ailleurs plus juste de la qualifier de politique favorisant le ruissellement des pauvres vers les riches.

Pour ce faire, le CESE s’est appuyé sur l’expertise de ses membres (voir Focus 2 : Pouvoir d’achat, inégalités, peur du déclassement) corroborée par les dernières publications de l’INSEE ou de l’OCDE.

Le pouvoir d’achat – rogné par l’épisode inflationniste de 2022-2023 – tend à se stabiliser en 2024. Mais, il y a découplage entre l’évolution des salaires réels et celle du pouvoir d’achat, au détriment des ménages les moins aisés (l’augmentation de la taxe sur l’électricité va aggraver cette situation). De plus, les mesures sociales et fiscales sur le pouvoir d’achat ont un effet différent selon les niveaux de vie. Elles sont plus favorables aux plus riches. Au total, les inégalités remontent au détriment de certaines catégories de ménages, pour lesquels l’espoir d’une vie décente s’éloigne.

Répondre aux demandes sociales

Le RAEF s’appuie aussi sur une enquête IPSOS pour mieux comprendre l’état d’esprit des Français et leur perception de l’avenir : ses grands enseignements sont en phase avec le bilan du Focus 2.

Les Français ont toujours des difficultés financières importantes : un citoyen sur deux a tout juste assez d’argent pour répondre à ses besoins essentiels, et même une proportion en légère hausse qui dit pas assez. L’effet de l’augmentation des prix des 2-3 dernières années se fait plus que jamais ressentir.

Aux yeux des Français·es, les inégalités dans la société ont des causes multiples. Elles sont dues aux écarts de salaires trop importants, mais aussi aux discriminations de manière générale. Sont incriminées l’inefficacité du système de redistribution ou encore l’inégalité dans l’accès aux services. La difficulté d’accès au logement, à la santé et à l’emploi autour de son lieu de vie sont pointées du doigt également.

Contrairement à ce que les médias nous disent à longueur d’antenne, ce ne sont donc ni l’immigration (en 10ᵉ position), ni la sécurité (en 7ᵉ) qui sont les préoccupations principales, mais la santé et le pouvoir d’achat.

Les places dans ce classement de l’environnement et des inégalités sociales (à égalité avec la sécurité) en disent long sur les exigences sociales dans ce pays, auxquelles la gauche dans toutes ses composantes peut et doit répondre.

On ne peut que conseiller la lecture de ce rapport (ou du moins de « L’essentiel de l’avis » qui le résume).


Pour compléter, vous pouvez consulter la présentation, par le CESE, du « Rapport annuel sur l’état de la France 2024 ».