Le combat pour obtenir la vérité et la justice pour Adama Traore n’en finissent pas de mettre en lumière la prégnance du racisme institutionnel en France et la violence qu’il charrie : violence physique bien entendu, commise par la police ou la gendarmerie, mais violence symbolique également. Suite à la mort d’Adama Traore, cette violence symbolique se manifeste dans tout le comportement de la maire (UDI, vous savez la droite « humaniste » sic) de Beaumont-sur-Oise, Nathalie Groux : violence par le silence en ne consacrant pas une parole de solidarité envers une famille endeuillée vivant sur sa commune de taille modeste, violence par les actes ensuite en décidant de poursuivre en justice une membre de cette famille pour des propos tenus à la télévision.

En effet, cet été, Assa Traoré, une des sœurs du défunt a déclaré dans l’émission Le Gros Journal, sur Canal + : « Nous sommes des habitants de Beaumont depuis presque trente ans, mais nous n’avons toujours pas eu de condoléances, nous avons des bâtons dans les roues depuis le début, dès qu’on veut mettre quelque chose en place. Donc la maire a choisi son camp et de quel côté elle se met, du côté des gendarmes. Ce qui veut dire du côté de la violence policière.»

Cela est de trop pour la maire de Beaumont-sur-Oise qui décide d’attaquer A.Traore pour diffamation et de faire financer ses frais de justice sur le budget de la commune. Dans le même temps, N.Groux n’hésite pas à relayer sur les réseaux sociaux un post où il est écrit « Que nos citoyens de souche s’arment et viennent en aide à nos pauvres policiers sans recours ! » (au sujet d’un article du quotidien Le Parisien portant sur la blessure d’un policier lors d’un « rodéo » à moto à Tours). Le ton est donné…

Le comportement de Nathalie Groux ne manifeste pas seulement l’indifférence envers une population manifestement considérée comme illégitime à vivre en France, il s’agit d’une provocation politique en plusieurs temps.

La provocation se déploie donc d’abord en attaquant en justice la sœur de la victime, Assa Traore, pour des propos tenus lors d’une émission télévision. Or, ce qui avait été dit lors de cette émission paraît non seulement évident mais relève tout simplement dans le cadre d’une expression démocratique de base.

Ensuite, la volonté de faire payer les frais de justice à la commune n’est pas seulement la manifestation de la petitesse de Mme la maire. Cela a surtout pour fonction d’assimiler les proches d’Adama Traore, celles et ceux de son quartier se mobilisant pour sa mémoire et exigeant la justice comme des parias de la commune.

C’est ce que décrit la famille d’Adama Traoré dans un communiqué en réplique à la décision de N.Groux :
« Cela va bientôt faire quatre mois jour pour jour que notre frère est mort dans la cour de la gendarmerie de Persan et la maire de notre ville ne nous a toujours pas présenté ses condoléances comme il conviendrait de le faire pour une affaire de ce type. Pire encore, alors que nous tentions de faire entendre nos voix en organisant des repas, des marches ou des interviews, elle nous a refusé à plusieurs reprises le droit de nous rassembler sur la voie publique.»
Enfin, la provocation par les forces de l’ordre commanditées par la mairie. Face à une délégation des proches d’Adama Traoré qui s’est rendue à la séance du conseil municipal, légitimement excédés que leurs impôts locaux servent à financer une volonté de les humilier, la seule réaction de la mairie fut celui d’un cordon de policiers municipaux et de gendarmes pour, au final, annuler le conseil municipal. Plus tard dans la nuit, une « descente » de gendarmes dans le quartier de Boyenval qui a entraîné des heurts.

La responsabilité politique de cette situation incombe entièrement à une maire et sa majorité ayant fait le choix du mépris et de la provocation délibérée sa seule politique face à ce drame. Mais cela n’est pas une « anomalie » individuelle ou locale, pour s’en convaincre il suffit de tendre l’oreille vers la primaire de la droite ou l’impunité policière la plus total est un dogme indiscutable mais aussi d’observer le discours du gouvernement actuel d’état d’urgence annonçant une nouvelle réforme de la « légitime défense » policière renforçant son impunité.
En somme, une politicienne locale obtuse telle que N.Groux s’engageant dans cette affaire à dimension nationale n’est que la pointe avancée d’un mouvement de fond réactionnaire permettant au racisme institutionnel de se déchaîner. Face à cela, le combat pour la justice et la vérité pour Adama Traoré a une portée qui dépasse un cas individuel et vise à mettre en échec cette offensive.

Suren