Les mobilisations lors de la COP21 ont mis en branle une très large palette de mouvements sociaux et environnementaux. Ce n’est qu’un début …

Des mouvements paysans, des syndicats, des communautés affectées, des réseaux et collectifs militants de base…, tous se sont préparés pendant de long mois. La coalition climat21, regroupant plus de 130 organisations, était le cadre unitaire le plus large pour organiser ces mobilisations, en lien avec une coalition internationale. La proclamation de l’état d’urgence suite aux attentats du 13 novembre a fortement freiné la mobilisation. Le gouvernement a surfé sur les craintes légitimes et le renforcement des politiques sécuritaires pour porter atteinte aux droits démocratiques fondamentaux : le droit de manifester en premier lieu, mais aussi en assignant à résidence jusqu’à la fin de la COP plusieurs militants écologistes. Mettant dans le même sac les supposés terroristes et les défenseurs du climat, le gouvernement a montré là qu’il avait bien compris ce qu’est la stratégie du choc.

 

Malgré l’état d’urgence…

Pourtant, dans ce contexte extrêmement difficile, les mouvements sociaux, populaires, écologistes se sont bien fait entendre. Si les différentes composantes de la coalition n’ont pas appréhendé l’état d’urgence de la même façon, personne n’a baissé les bras, et deux semaines de mobilisations intenses ont bel et bien été menées : marches pour le climat dans des dizaines de villes à travers le monde, chaines humaines à Paris et dans plusieurs villes françaises le 29 novembre ; à l’issue de la chaine humaine à Paris, une manifestation pour le droit de manifester et contre l’état d’urgence a conduit à des dizaines de gardes à vue… Le sommet citoyen pour le climat et la Zone d’Action Climatique ont également rassemblé pendant une semaine plusieurs dizaines de milliers de participants, notamment lors du meeting de Naomi Klein (4000 personnes) ou du débat sur le syndicalisme et la création d’emplois climatiques, en présence de Jeremy Corbyn. Ces deux semaines ont été l’occasion de multiples actions, notamment autour des climate games qui invitaient à la désobéissance non violente pour la justice climatique. Le 12 décembre a été le point d’orgue de cette mobilisation multiforme, avec le rassemblement des lignes rouges face à l’Arc de Triomphe, une manifestation spontanée emmenée par la Via Campesina, et un grand rassemblement au Champ- de-Mars.

Nouvelle génération

Une nouvelle génération militante s’empare des enjeux climatiques et environnementaux,  notamment grâce à la coopération des différents réseaux et organisations, et à de nouveaux mouvements comme Alternatiba, alors que la gauche sociale et politique semble parfois à la traine. La notion de justice climatique est désormais un acquis commun à tous ces récents acteurs des mobilisations ; reste maintenant à faire vivre concrètement cette notion, à l’ancrer dans le quotidien de nos luttes, depuis les combats contre les grands projets inutiles –en premier lieu la défense des paysans menacés d’expulsion par Vinci et son projet d’aéroport à Notre Dame des Landes-, jusqu’aux campagnes contre les investissements fossiles, qui donneront lieu à des mobilisations internationales en mai prochain, ou encore par une campagne pour les emplois climatiques qui devrait être initiée au 1er semestre 2016. Ces campagnes seront à l’ordre du jour de plusieurs assemblées, à l’échelle nationale et internationale, entre janvier et mars 2016. Enfin, alors que l’accord de Paris ne règle aucun problème, chaque Etat signataire doit présenter des objectifs de réduction de gaz à effets de serre (GES). Le gouvernement français doit annoncer en mars ses projets en vue de cette réduction des GES. A nous, par nos mobilisations, de le mettre  face à ses contradictions, et d’obtenir l’arrêt des projets pollueurs et destructeurs.

Julien Ekaré