Le 26 août 2024, sur BFM TV, le grand-rabbin de France a justifié les massacres de civils palestiniens par l’armée israélienne. Ces crimes de guerre sont pourtant condamnés par la justice internationale. Ces propos n’ont toutefois pas suscité la condamnation unanime qu’on pouvait attendre. Un collectif juif décolonial réagit.
En faisant l’apologie du génocide, Haïm Korsia met les Juif·ves en danger
Par Tsedek!, Collectif juif décolonial. Le 2 septembre 2024.
Nous avons pris connaissance avec effroi des propos tenus par Haïm Korsia, grand rabbin de France, sur les antennes de BFM TV ce lundi 26 août1https://dai.ly/x94q6ji en réaction à la tentative d’incendie de la synagogue de la Grande Motte survenue le samedi 24 août.
Dans un premier temps, il impute à la France Insoumise la montée des actes antisémites, notamment le viol de la jeune fille de Courbevoie survenu en juin dernier : pour s’assurer le vote de nos concitoyen·nes musulman.es jugé·es antisémites par essence, LFI distillerait la haine des Juif·ves. Ses militant.es se voient de ce fait qualifié·es de « gueux excitant des sots ».
Ces propos racistes constituent une insulte grave pour nos compatriotes musulman·es et contribuent à rendre plus difficile encore le dialogue judéo-musulman, déjà largement affaibli depuis le 7 octobre. En tenant de tels propos, Haïm Korsia ne participe aucunement à lutter contre l’antisémitisme, bien au contraire.
Plus grave encore, Haïm Korsia se lance ensuite dans une véritable diatribe génocidaire : il qualifie les massacres à Gaza de « faits de guerre qui incombent au Hamas », et affirme qu’ils ne seraient « pas du même ordre » que ceux commis le 7 octobre. Cette manière d’affirmer que les plusieurs centaines de milliers de victimes palestiniennes seraient d’une importance moindre que les 1 200 morts israéliens dus à l’attaque du Hamas relève d’une rhétorique raciste, qui fait des vies palestiniennes quantité négligeable.
Dans la suite de son interview, relayant la propagande de Tsahal, Haïm Korsia fait du Hamas le seul obstacle à la libération des otages, bien que les refus successifs opposés par Netanyahou aux différents accords proposés par Washington et acceptés par les dirigeants du Hamas aient été largement documentés. La poursuite de la guerre lui permettant de se maintenir au pouvoir, le Premier ministre israélien constitue aujourd’hui le principal obstacle au retour sain et sauf des otages.
Mais leur survie intéresse manifestement moins les apologistes de Tsahal que la mort des Palestinien·nes. Haïm Korsia va en effet jusqu’à exhorter l’armée israélienne à « finir le boulot ». Cette formule, directement reprise de Nétanyahou, exprime on ne peut plus clairement le fantasme d’extermination qui motive le génocide en cours. Cette prise de position est d’autant plus irresponsable que toutes les agressions à caractère antisémite survenues ces derniers mois ont été motivées par la situation génocidaire à Gaza.
En agissant de la sorte, Haïm Korsia nous met toutes et tous en danger, nous les Juifs et Juives de France. Plus que toute autre institution, le grand rabbin de France est en effet le principal représentant de la foi juive aux yeux du grand public. En associant aussi clairement judaïsme et défense inconditionnelle d’Israël, il nous rend aux yeux de tous·tes complices des crimes contre l’humanité perpétrés par Tsahal, reprenant en cela un amalgame grossier savamment entretenu par l’État français et les instances de représentation du judaïsme en France.
[…]
Pour lire la suite du communiqué de Tsedek!…
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