Vendredi 11 novembre, suivis le lendemain par des contingents plus nombreux, les premiers soldats ukrainien·es entraient dans Kherson désertée par les Russes qui pourtant avaient annexé cette région et organisé un référendum fantoche quelques semaines auparavant.
Résultat d’une contre-offensive commencée depuis des semaines et pendant laquelle l’armée ukrainienne a progressé de manière méthodique à la fois au nord et à l’est de Kherson, la situation devenait de plus en plus intenable pour l’armée russe. Cette dernière, déjà fortement éprouvée par la contre-offensive ukrainienne dans la région de Kharkiv, avait dû recourir à une mobilisation forcée de 300 000 recrues. D’où cette décision de quitter la ville et toute la rive droite pour se retrancher sur la rive gauche du Dniepr en évacuant (déportant ?) 115 000 habitant·es et ce non sans avoir procédé à des destructions systématiques d’infrastructures vitales.
La libération
Scènes de liesse des habitant·es qui sortent après des mois d’une occupation qui s’est traduite, ici comme ailleurs en Ukraine, par des exactions systématiques. « S’il existe un enfer sur terre, il est ici » témoigne une victime. Affiches de propagande russe (« La Russie est ici pour toujours ») arrachées, drapeaux ukrainiens partout – sur les bâtiments publics ou brandis par des jeunes et des moins jeunes s’enveloppant dans ses plis –, rondes joyeuses aussi bien sur la place Maidan à Kyiv que sur la place de la liberté à Kherson, embrassades des soldats présent·es par des mamies, hymne national entonné, etc. Bref, des scènes caractéristiques d’une libération. S’il y avait des doutes sur l’opinion de la majorité des habitant·es, de celles et ceux qui étaient resté·es sous la botte et de celles et ceux qui s’étaient réfugié·es ailleurs en Ukraine, démonstration était faite des sentiments patriotiques de la population. Sentiments dont témoignaient, par ailleurs, les actes de résistance auxquels étaient confrontés les occupants.
La guerre continue
Cette libération, pour symbolique qu’elle soit, ne signifie cependant pas que la guerre d’agression de Poutine relayée par Kadyrov (contingents tchétchènes) ou Prigogine (milice Wagner) soit au début de la fin. En témoigne la pluie de missiles en réponse à cette défaite. L’utilisation des armes fournies par les Occidentaux, alliée à l’intelligence stratégique et tactique des Ukrainien·es et à la motivation admirable d’une armée combattant pour la liberté, ont abouti à cette défaite de l’agresseur. Mais, si au terme de contre-offensives savamment conduites – guerre de mouvement dans le nord ou avancée pas à pas sur le Dniepr (frappes dans la profondeur sur les dépôts de munitions, les nœuds logistiques et les centres de commandement) – le peuple ukrainien a certes recouvré une partie significative de son territoire, les Russes en occupent toujours 17%.
Une résistance populaire
Non seulement cette armée est l’armée du peuple – impressionnant est le nombre de celles et ceux qui se sont engagés dans une sorte de « levée en masse » spontanée – mais c’est le peuple ukrainien tout entier qui, par son implication multiforme, donne une dimension d’auto-organisation à cette mobilisation. La négation de l’identité nationale ukrainienne, suivie d’une invasion assortie de mensonges grossiers (agression imminente de l’OTAN, nazisme des dirigeants, risque de génocide dans le Donbass) a été – pied de nez à la face de l’agresseur – à l’origine d’un sursaut mêlant dans un même élan patriotique ukrainophones et russophones.
La solidarité doit se poursuivre
Mais la guerre n’est pas finie ! Elle ne sera finie que lorsque les Ukrainien·es auront récupéré l’intégralité de leur territoire (y compris les régions annexées). La solidarité avec la lutte du peuple ukrainien pour son indépendance reste donc une exigence à laquelle les internationalistes ne peuvent se soustraire.
« Ensemble ! Mouvement pour une alternative écologiste et solidaire », attaché à la défense du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à la lutte contre tous les impérialismes, impliqué dans le mouvement français et européen de solidarité avec l’Ukraine, se félicite de la libération de Kherson et réaffirme sa détermination à poursuivre et amplifier les actions de solidarité avec le peuple ukrainien.
Commission internationale d’Ensemble !
15 novembre 2022