L’annonce par Biden de la livraison d’armes à sous-munitions à l’Ukraine a provoqué des alarmes (dont celles exposées dans la contribution de l’Équipe d’animation de la Commission internationale).

Par Stefan Bekier, Jean-Paul Bruckert, Roland Mérieux, Francis Sitel – membres de la Commission internationale d’ENSEMBLE! – Le 17 juillet 2023

Les échanges se sont ensuite développés sur diverses listes, qui traduisent un trouble et une certaine confusion pouvant conduire à condamner la décision du pouvoir ukrainien et l’éventuelle utilisation de ces armes par son armée. Cela conduirait à affaiblir le nécessaire soutien à la résistance ukrainienne. D’où la réaction exprimée dans le présent texte.

Après la livraison d’armes à sous munitions à l’Ukraine par les États-Unis, la guerre reste ce qu’elle est fondamentalement depuis le début.

D’un côté, une guerre d’agression impérialiste menée par un régime mafieux, néo-fasciste et post-stalinien, foulant aux pieds le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et coupable de multiples crimes de guerre et contre l’humanité…

De l’autre, une guerre de résistance à l’invasion, une guerre de libération nationale.

Après la livraison d’armes à sous-munitions, le soutien à la résistance armée et non armée du peuple ukrainien — dans une guerre qui est une guerre juste parce que guerre de résistance menée par un peuple luttant pour son droit à l’autodétermination — reste tout aussi indispensable. De même que le soutien à l’opposition et la résistance russe à la guerre d’agression fomentée par le pouvoir poutinien.

Après la livraison d’armes à sous-munitions, la morale n’est-elle plus du côté de la résistance ukrainienne ? Et, la résistance du peuple ukrainien cesserait-elle d’être une guerre légitime ? Un point de vue totalement incompris des combattants !

Quelles que soient nos critiques de l’emploi d’armes interdites par une convention internationale (contribution de l’Équipe d’animation de la Commission internationale), nous réaffirmons le droit pour la résistance de tout un peuple – et pour le gouvernement dans lequel il se reconnaît – d’utiliser les moyens qu’il juge nécessaires pour parvenir à libérer l’ensemble du territoire national.

Après la livraison d’armes à sous-munitions, la résistance ukrainienne s’abaisserait-elle à utiliser les mêmes moyens que ceux qui ont commis d’innombrables crimes de guerre (Butcha, sabotage du barrage de Kakhovka) et miné des centaines de milliers de km² ?

S’agissant de leur propre population et de leurs territoires, on peut penser que les Ukrainiens n’en feront pas un emploi irresponsable.

Ce serait en outre méconnaître que leur usage précis — dégager un corridor pour la percée dans des zones de guerre, soigneusement répertoriées, vides d’habitants et non dans les villes –, diffère radicalement de l’emploi indistinct, aux fins d’interdire des zones entières, fait par les Russes.

Les « cinq principes clés », rendus publics par le ministre ukrainien de la Défense, affirment entre autres : « L’Ukraine n’utilisera ces munitions que pour la désoccupation de ses territoires internationalement reconnus… [Et uniquement] dans les zones où il y a une concentration de militaires russes, (…) pour percer les lignes de défense ennemies avec un minimum de risques pour la vie de nos soldats… L’Ukraine tiendra un registre strict de l’utilisation de ces armes et des zones locales où elles seront utilisées. Sur la base de ces registres, après la désoccupation de nos territoires et notre victoire, ces territoires seront classés par ordre de priorité aux fins de déminage. » […]

Après la livraison d’armes à sous-munitions par les Américains, les Ukrainiens deviendraient-ils les otages d’un agenda qui les dépasse ?

Certes, nous savons que l’impérialisme américain poursuit son propre but – affaiblir la Russie (mais pas trop) – et que les limites de son stock de munitions (voir les objectifs propres des différentes composantes de son armée) lui donnent l’occasion de fournir des armes facilement disponibles.

Mais, nous tenons les Ukrainiens, qui paient le prix fort (« Chaque mètre gagné, l’est par le sang »), pour être les mieux placés pour savoir ce qui est bon pour eux.

Après la livraison d’armes à sous-munitions, et au moment où se font de plus en plus pressantes, par-dessus la tête du peuple ukrainien, les manœuvres en faveur de négociations sans l’exigence centrale du retrait des troupes russes, et que s’activent des courants favorables à la Russie de Poutine, nous nous devons de rester fermes dans notre soutien à la cause de la résistance ukrainienne.