« Si l’on veut, on peut ! »

Alors qu’il était prévu pour début 2015, avant le débat parlementaire sur la transition énergétique, c’est seulement ce 22 octobre que la version définitive du rapport de l’ADEME « Un mix électrique 100 % renouvelable ? Analyses et optimisations » a été publiée. Du coup, la loi votée ne prévoit pour 2030, qu’un objectif de 40 % de production électrique d’origine renouvelable. C’est regrettable dans la mesure où l’étude de l’ADEME ouvre la porte sur des options plus radicales et manifestement crédibles. Faut-il y voir la raison d’une publication retardée ?
Dans ce cadre politique, biaisé par l’importance du lobby nucléaire, le président de l’ADEME, Bruno Léchevin, déploie dans sa présentation mille et une précautions : « il s’agit ici d’une étude scientifique à caractère prospectif et exploratoire et non pas d’un scénario politique. » Certes, mais maintenant, au vu du travail réalisé, un nouveau débat politique s’impose.

Le rapport de l’Agence est complet. Il est construit sur la base de scénarii prenant en compte : un approvisionnement électrique suffisant (quantité régulée heure par heure, sur un an et sur plusieurs hypothèses climatiques), un pilotage efficace des différents moyens de production et de consommation, une répartition entre les territoires adaptée (ventés, ensoleillés, etc.) et une mise en place du réseau de distribution et des installations de stockage qui conviennent. Tout cela a été évalué dans un horizon 2050, avec au final 14 variantes avec différents taux d’énergie renouvelable (40 %, 80 %, 95 % ou 100 %).

A l’issue de ce travail, un coût de l’énergie est calculé en fonction des évolutions futures et du taux d’énergie renouvelable, en prenant en compte les coûts annualisés de production, de transport et distribution et de stockage liés à la flexibilité de la demande. Suivant les hypothèses, le prix du MWh varie dans une fourchette de 103 € à 138 €. Les paramètres qui semblent les plus influents dans la variation du prix sont nombreux, dont l’acceptabilité sociale des solutions et l’évolution technologique. Par contre, en l’absence de contraintes spécifiques, on constate que la différence entre la solution retenue par la loi de transition énergétique (40 % d’énergies renouvelables) et la solution à 100 % reste faible, en tout cas du niveau de l’imprécision du modèle, puisque l’on passe de 119 à 117 €/MWh.
Il ne s’agit certainement pas de confondre cette étude prospective avec une étude détaillée de faisabilité. Toutefois, ce premier travail ouvre résolument la voie à la prise de décision et à la fixation d’orientations politiques ambitieuses en matière de fourniture. C’est bien une décision politique qu’il faudra prendre entre ces diverses solutions pour retenir celles qui devront être approfondies. En tout cas, maintenant, nous ne pouvons plus dire qu’il n’y a pas de solutions pour produire une énergie électrique jusqu’à 100 % renouvelable ! Le lobby nucléaire doit cesser toute pression politique et des études de faisabilité approfondies doivent être immédiatement lancées.

Ensemble, mouvement pour une alternative de gauche écologiste et solidaire, prend acte du rapport publié par l’ADEME : « Un mix électrique 100 % renouvelable ? Analyses et optimisations », et dit que ce premier exercice doit très rapidement se prolonger par toute une série d’études complémentaires de nature à construire et conforter ces premières hypothèses. Manifestement la production d’un mix électrique issu en totalité d’énergies renouvelables est possible. La sortie d’une logique qui depuis les années 1970 a tout misé sur le nucléaire est plus que jamais d’actualité. En cette année de COP21, et alors que François Hollande s’avère même incapable de fermer la centrale de Fessenheim, renforçons les luttes écologistes et antinucléaires pour imposer un autre modèle énergétique, basé sur la sobriété, les économies d’énergie et les énergies renouvelables.

René Durand