Eugène Bégoc nous alerte. 2026 est l’année de renouvellement de 494 500 sièges municipaux. Barnier et Retailleau tissent une toile serrée. Ils veulent conforter leur place de premier parti territorial. En même temps, ils font tout pour ne pas sombrer avec le dogme du toujours moins d’impôts et de services.
Les milliards en moins pour l’enfance, la formation ou le grand âge de Barnier
Par Eugène BÉGOC. Le 23 novembre 2024.
Pas à pas, Barnier et Retailleau tissent une toile serrée : 2026 est l’année de renouvellement de 494 500 sièges municipaux. Comment conforter la première place de leur parti – LR – sur le plan territorial 1Liste de partis politiques en France? Comment, en même temps, ne pas couler avec le dogme du toujours moins.
Moins d’impôts et de contraintes pour les forts, moins de santé, d’école… pour les autres. La recette a été servie une nouvelle fois, le 15 novembre aux président·es des départements2Déclaration de M. Michel Barnier, Premier ministre, sur le budget 2025 et les mesures en faveur des départements à l’occasion du 93e congrès des Assises des départements de France, Angers (Maine-et-Loire) le 15 novembre 2024. , le 22 aux maires3Congrès des maires : Michel Barnier promet un « profond changement de notre façon de faire » dans les relations avec les collectivités territoriales.
PLF 2025 : cibler les grandes villes de gauche, s’imposer à droite.
Les deux tiers des 5 milliards impactent nommément les 450 communes, départements et régions « les plus riches ». La Ville de Paris est privée de 154 millions, la Métropole de Lyon de 95.
La démographie est ignorée. Les Hauts-de-France – 6 millions d’habitant·es – voient leur budget amputé de 56 millions. L’Île-de-France – 12 millions d’habitant·es – perd 80 millions.
Principale concession : le gouvernement vient d’accepter en commission au Sénat d’exécuter une promesse de Matignon, vieille de 18 mois. L’allocation pour perte d’autonomie sera abondée de 200 millions.
Redonner aux élu·es la fonction d’encadrer le citoyen-électeur
Barnier et Retailleau ne partagent pas seulement ce conservatisme catholique qu’ils placent au-dessus de l’État de droit. En hommes de l’État, ils ont une même conviction : la régionalisation et la limitation du cumul des mandats ont perverti une mécanique deux fois séculaire.
Pour les conservateurs, en effet, le vote est un exercice à canaliser. À la base, les notables municipaux se cooptent. À l’échelon intermédiaire, ce sont les notables départementaux. Les intérêts du bassin de vie sont délégués aux sénateur·rices et aux député·es pressé·es de sillonner cantons et salles polyvalentes.
Barnier et Retailleau s’emploient à remonter cette mécanique pour fermer la parenthèse de la tripartition à l’Assemblée nationale et aux assemblées régionales.
Préfets et départements replacés au centre du jeu.
Tout d’abord, le rôle des préfets sera élargi. Leur sera octroyé un pouvoir explicite de « déroger ». Le fonctionnaire pourra, par exemple, annuler l’obligation de verdir les friches urbaines existantes. Cette obligation est actuellement opposable aux municipalités qui lancent encore des zones pavillonnaires.
Autre changement : le préfet aura le dernier mot sur les actions des antennes des agences de l’eau, de l’office de la biodiversité, des établissements publics fonciers…
Enfin, le duo représentera au Sénat la loi créant un siège unique pour l’assemblée départementale – 4 000 élu·es actuellement – et l’assemblée régionale – 2 000 élu·es.
Rappelons que sur les 248 député.es de droite, LR en compte 47 et Macron 94. En revanche, LR compte 130 élu·es au Sénat sur les 250 sièges de la droite, et Macron simplement 204Groupes politiques. Or le Sénat est un atout institutionnel qui peut constituer un formidable levier pour Matignon.
Que peuvent faire les artisans du NFP, syndicats, associations, militant.es de gauche ?
En premier lieu, affronter sur le terrain ces notables de droite si nombreuses et nombreux à se déclarer attentif·ves à la colère de celles et ceux qui n’acceptent pas que leur voisin·e soit « assisté·e ».
Le duo infernal construit son destin sur ces élu·es démagogues-là, sur leur attente de l’homme fort.
Et il est plus que temps de réunir les assemblées citoyennes : dans chacune des 577 circonscriptions vont tomber les restrictions et suppressions de services aux personnes. Les intermittent·es du spectacle vont encore être remis·es en cause dans leurs métiers et leurs revenus.
À nos assemblées citoyennes, de faire œuvre de solidarités concrètes.
Notes
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