Pour de larges segments du monde politique et de la société civile en Afrique, les BRICS+ semblent constituer une alternative salutaire à la domination occidentale. Mais, qu’en est-il vraiment ? Un article du CETRI fait le point et rappelle que la prospérité de l’Afrique ne dépendra pas d’eux.

BRICS et Afrique : nouveau partenariat « win-win » ou « colonialisme newlook » ?

Par Laurent Delcourt. Publié le 8 octobre 2024 sur le site du CETRI.

Pour de larges segments du monde politique et de la société civile en Afrique, les BRICS+ constituent une alternative salutaire à la domination occidentale, en proposant de nouveaux partenariats plus équitables, plus respectueux des souverainetés nationales et davantage centrés sur les priorités de développement national. Reste qu’entre l’Afrique et ce club hétérogène de puissances émergentes, la relation demeure très inégale, tendant même à reproduire l’ancienne dichotomie Nord-Sud. L’essor de l’Afrique ne reposera pas sur les BRICS. Il dépendra de sa capacité à s’engager dans un projet de développement. Explication.

« […] Tout moyen de limiter l’influence de l’OTAN et de l’oligarchie occidentale est bénéfique pour le reste de la population mondiale. Aujourd’hui, nous sommes dirigés par une minorité qui souhaite imposer ses lois au reste du monde. Avec les BRICS, une première manifestation d’opposition à cette domination se manifeste. […] »
Kémi Seba, blogueur et activiste panafricaniste.

Dans un contexte d’aggravation des tensions géopolitiques, de recomposition des alliances internationales et de croissante perte d’influence des pays occidentaux sur leurs traditionnelles arrière-cours et plus généralement sur la marche du monde, les BRICS+ –coalition formée par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, rejoints, depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Iran, l’Égypte et l’Éthiopie – exercent aujourd’hui un indéniable pouvoir d’attraction sur les pays du Sud.

Ces derniers sont de plus en plus nombreux à vouloir intégrer ce club hétérogène de puissances émergentes ou, à tout le moins, à s’en rapprocher.

Les BRICS soulèvent aussi l’enthousiasme d’une bonne partie du monde politique et de larges secteurs de la société civile au Sud. En particulier en Afrique, où la montée en puissance de cette coalition qui conteste l’hégémonie occidentale et entend œuvrer à la construction d’un monde multipolaire est largement célébrée : pour beaucoup en effet, les BRICS constituent une réelle opportunité pour le continent de se débarrasser des vieux restes de dépendance néocoloniale, empreinte de domination, d’assistanat et de paternalisme, de nouer des rapports de coopération plus équitables et d’amorcer un développement réellement souverain, plus en phase avec les priorités du continent.

 

Agnès Adélaïde Metougou, activiste camerounaise anti-dette explique : « Avant la montée en puissance de ces émergents, le monde était extrêmement asymétrique. Les pays d’Europe de l’Ouest, les États-Unis et le Japon, représentaient à peine 20% de la population, mais contrôlaient les trois quarts de la richesse du monde.

Les BRICS sont venus relativiser cette hégémonie en créant de nouveaux pôles […] qui assure[nt] une représentation plus équilibrée de tous les segments de l’humanité. [Leur] cosmopolitisme […] permet de sortir du monde unipolaire dans lequel une seule civilisation imposait son refrain culturel et idéologique sans la moindre possibilité de négocier ou de choisir.

Aujourd’hui les BRICS contestent précisément [cette] hégémonie […]. Et peuvent proposer un contre-modèle aux structures économiques et politiques libérales dominantes promues par les puissances occidentales. Sur le plan économique, cette situation autorise une diversification des partenariats et un élargissement des marchés, etc. Mais sur le plan politique, les Africains peuvent se saisir de cette opportunité pour rejeter, au moins en partie, les diktats imposés par les Occidentaux […] »1 CETRI, « Les BRICS et l’Afrique : Une opportunité pour rejeter les diktats imposés par les Occidentaux », entretien avec Agnès Adélaïde Metougou, par Laurent Delcourt, 6 juin 2024, www.cetri.be.

 

« Il s’agit là d’un formidable atout pour tous ceux qui recherchent les voies d’un véritable développement du continent africain, abonde dans le même sens l’homme politique et diplomate ivoirien, Ahoua Don Mello, […] nous avons là des partenaires très importants puisqu’ils rassemblent […] près de la moitié de la population mondiale. Ils peuvent nous appuyer sur des projets de développement alternatifs qui nous sortent de la soumission et des pillages orchestrés sur le continent par le néocolonialisme et les multinationales occidentales […]. L’ambition est de sortir des terribles rapports de dépendance qui empêchent un développement souverain des Africains »2« Portrait : Ahoua Don Mello, le visage de l’autre Afrique », L’Humanité, 20 mars 2024..

Des perspectives alléchantes

[…]

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Notes