La Cour d’assises de Bobigny vient, le 15 janvier 2016, d’acquitter le policier poursuivi pour avoir tué d’un coup de feu tiré dans le dos le jeune Amine Bentounsi, le 21 avril 2012. Cette décision constitue un déni de justice flagrant.
C’est grâce à la ténacité de la sœur de la victime, Amal Bentounsi, et à l’activité du collectif militant qu’elle a créé à la suite de la mort de son frère, « Urgence, notre police assassine ! », que cette affaire a pu arriver jusqu’à la Cour d’assises.
L’acquittement intervient alors que le Parquet général avait expressément demandé au jury de ne pas donner un « droit de tuer » aux policiers, tout en se bornant à requérir une peine légère, assortie du sursis, ainsi que l’interdiction définitive d’exercer.
Le jury de la Cour d’assises en a décidé autrement, et a choisi de reconnaître ce « droit de tuer », comme par une application anticipée de la réforme du régime de la légitime défense des policiers. Rien n’a établi que la situation relevait de la « légitime défense ». La validation de la version des policiers traduit un climat de peur et de haine.
Ce sont chaque année une quinzaine de personnes, le plus souvent des jeunes gens, et le plus souvent des personnes aux noms d’origine maghrébine ou subsaharienne, qui meurent du fait de violences policières. Les poursuites sont exceptionnelles et les condamnations bien plus encore.
Quel signal donne-t-on par une telle décision aux jeunes, qui subissent déjà quotidiennement les contrôles au faciès et autres humiliations et violences policières ? Peut-on leur demander d’avoir confiance dans la justice de leur pays, et dans la bienveillance de l’État ?
Après la condamnation de Jacqueline Sauvage et celle des salariés de Good Year, notre justice se prononce une fois de plus pour les puissants.
« Ensemble ! » affirme sa solidarité active à la famille de la victime, et sa volonté de lutter plus que jamais contre les violences policière ; demande au Parquet général de Paris d’interjeter appel de cet arrêt inique, afin qu’un nouveau procès puisse rendre la justice ; demande qu’il soit renoncé aux projets de réforme du régime de légitime défense des policiers et à la mise en place d’un état d’urgence permanent.