Décédé ce samedi 11 avril, François Maspéro, était une personnalité aux multiples talents. Il fut à la fois et successivement libraire, éditeur, écrivain et traducteur.
Né en 1932, il eut la douleur de voir ses parents déportés dans les camps de concentration en 1944, dont seule sa mère revint.
François Maspéro s’engagea pleinement, personnellement et en tant que libraire, dans la lutte contre les guerres coloniales, en particulier la guerre d’Algérie, contre la torture, pour la décolonisation.
Tout au long de la guerre d’Algérie, il fit de sa librairie, « La joie de lire », un lieu particulièrement fréquenté et apprécié par tous les anticolonialistes et internationalistes qui disposaient d’un choix de livres remarquables.
Il poursuivit son engagement comme éditeur avec la création des éditions Maspéro, en 1959, et la collection des Cahiers libres. A plusieurs reprises, le pouvoir gaulliste censura les livres ou revues édités par Maspéro, notamment « Main basse sur le Cameroun », de Mongo Beti, ouvrage dirigé contre le dictateur A. Ahidjo. C’était l’époque où les livres sur la torture en Algérie, comme « La Question » d’Henri Alleg, étaient interdits et il sut, avec d’autres, mettre au point des systèmes d’édition et de diffusion qui permirent à ces ouvrages engagés de circuler. Nombreuses furent les amendes et inculpations pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » qui frappèrent F. Maspero
Libraire et éditeur militant, il s’engagea également pendant quelques temps au PCF, dont il fut exclu, puis ensuite à la LCR.
Avec François Maspéro, disparaît un homme qui mit la culture au service de la lutte pour un monde débarrassé des systèmes de domination, de la lutte des peuples pour leur émancipation.
Longue vie à François Maspéro dans nos mémoires et dans la mémoire collective.