Danièle Obono, nouvelle députée de France Insoumise, vient de faire l’objet sur RMC d’une opération indigne : les animateurs de l’émission « Les Grandes Gueules » l’ont en effet sommée de dire devant leurs micros : «Vive la France ! » La raison : elle avait, en 2012, signé une pétition – également signée par Clémentine Autain, Eric Coquerel, Noël Mamère, Eva Joly, Olivier Besancenot et de nombreuses autres personnalités – en soutien au chanteur Saïdou, du groupe ZEP et au sociologue Saïd Bouamama, poursuivis par une officine d’extrême-droite pour « racisme anti-Français », accusation dont ils ont été relaxés par les tribunaux.
Pour Ensemble ! dire ou ne pas dire « Vive la France ! » ne saurait faire l’objet d’aucune injonction. Vive quelle France ? Nous nous réservons, en tant qu’internationalistes, de ne pas banaliser un slogan qui charrie entre autres les atrocités du nationalisme guerrier, du colonialisme destructeur, et du chauvinisme faisant diversion aux combats émancipateurs. Nous refusons cette injonction à nous mettre en rang derrière une armée française qui occupe et pille ou à soutenir sagement une politique qui cherche à maintenir les peuples sous la domination impérialiste et néocolonialiste des états occidentaux.
Nous tenons aussi à dénoncer le caractère raciste de cette opération, qui fait suite à une campagne dans le même sens sur certains sites d’extrême-droite et relayée sur les réseaux sociaux. Aucun-e des autres signataires de cette pétition en faveur de la liberté d’expression n’a été confronté-e à ce type d’injonction parce qu’ils et elles étaient pour la plupart blanc-he-s. Mais Danièle Obono est une femme noire à qui l’on a tenu à rappeler que, née au Gabon elle devait être éternellement redevable à la République et qu’elle ne devait pas être ingrate. Il fallait remettre « à sa place » sur une base nationaliste et raciste une franco-africaine ayant fait le choix de ne pas se taire, et de s’engager pleinement contre les injustices sociales et le racisme alimenté par les politiques de l’Etat français. La première offensive contre les élus de la gauche anti-austérité après les législatives se fait donc sur le terrain du racisme.
Avec Danielle Obono, nous savons que la gauche debout peut compter sur une militante infatigable du droit des femmes, des minorités et de la liberté d’expression. Toute sa trajectoire parle pour elle.
Ensemble ! apporte à Danièle Obono toute sa solidarité, et dénonce la chasse aux sorcières qui vise à la décrédibiliser, comme militante et comme parlementaire.