Alors que médias et gouvernement bruissent de déclarations sur l’événement que constituera la 21ème conférence sur le climat (COP21) des Nations-Unies à Paris-Le Bourget en décembre 2015, l’enjeu essentiel porte sur la capacité des mouvements sociaux et écologistes à poser les bases d’un mouvement pour la justice climatique.
Si chaque conférence climat illustre l’incapacité des Etats à opérer une révolution énergétique capable de freiner la catastrophe climatique, et celle de Paris ne fera sans doute pas exception, les mouvements pour la justice climatique n’ont pas réussi jusque-là à s’inscrire suffisamment dans la durée, et avec suffisamment de force, pour peser. Mais les désillusions, au moins depuis le sommet de Copenhague en 2009, ne conduisent pas nécessairement à l’impuissance.
A l’échelle internationale, les différents réseaux agissant pour le respect des équilibres climatiques se rapprochent, des grandes manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du monde, et en particulier à New York, en septembre 2014, incluant la mobilisation de nombreux collectifs militants et de syndicats. En France, plusieurs dynamiques, travaillant ensemble, vont être les vecteurs de la mobilisation en décembre prochain : Alternatiba parti du pays basque, a essaimé en France puis dans d’autre pays, et marque la volonté d’inventer des alternatives à un système prédateur, ici et maintenant. Après le tour de France Alternatiba qui a sillonné le territoire tout l’été, c’est à Paris les 26 et 27 septembre que se sont retrouvées toutes ces alternatives.
La coalition climat21 regroupe plus de 130 organisations et mouvements : syndicats, ONGs environnementalistes et de solidarité internationale, mouvements sociaux, féministes, groupes de foi ou de jeunesse. Cette coalition, lancée fin 2013, souhaite démultiplier les actions avant, pendant et après la COP21. En effet, les deux semaines que dure la COP vont être intensives en mobilisations. Les 3-4 octobre s’est tenue une grande rencontre internationale sur la stratégie des mouvements sociaux et environnementaux. Puis, la mobilisation va monter en puissance pendant deux semaines : Marche pour le Climat les 28 et 29 novembre, simultanément dans les plus grandes villes du monde ; Village Mondial des Alternatives à Montreuil (banlieue parisienne) les 5 et 6 décembre ; Zone d’Action Climat (ZAC) du 7 au 11 novembre au nord de Paris, et actions de masse à Paris le 12 décembre.
Alors que les représentants des Etats et des multinationales auront conclu leurs travaux, il est essentiel que les mouvements des peuples, pour la justice climatique, aient le dernier mot. Car c’est d’eux, en premier lieu, que dépend l’avenir. Prendre au sérieux le slogan « changer le système », c’est mettre au cœur des mobilisations sociales à venir la question écologique et climatique. C’est à la fois dans l’unité la plus large, et à la fois en construisant des alliances qui articulent la question climatique à une critique globale du système, qu’on marchera sur deux jambes : respect des stratégies variées des différents mouvements, et construction d’alternatives au capitalisme et au productivisme. C’est également faire de la question écologique, une question sociale, une question populaire, car les inégalités sociales recoupent les inégalités environnementales.
A décembre à Paris, après on continue !
Vincent Gay.