Les retraité-es étaient relativement à l’abri de l’austérité, les efforts des gouvernements ne portaient que sur les futurs retraité-es, en agissant sur le calcul des pensions pour les diminuer fortement : dans le privé, intégration de plus mauvaises années en faisant la moyenne des 25 (et non 10) meilleures années de salaire et en cessant d’indexer ces anciens salaires sur le salaire moyen ; pour tout le monde, allongement de la durée de cotisation jusqu’à 43 ans (alors que les salarié-es du privé ne cotisent en moyenne que 37 ans), double peine de la décote. A long terme, le cumul de ces mesures divise par 2 le poids du stock des pensions dans le PIB (rapport Moreau commandé par le gouvernement).
Signe de l’ampleur de l’austérité, depuis l’élection du Président Hollande, les retraité-es subissent aussi des mesures de régression sociale, qui s’ajoutent à celles subies par tout le monde (hausse de la TVA, gel du barème des impôts, suppression de la demi part fiscale supplémentaire pour les veufs, les veuves et les personnes isolées ayant eu des enfants :
–    fin 2012, des retraités paieront plus d’impôt sur le revenu en 2013, en fiscalisant le supplément de pension de 10 % pour les retraité-es ayant élevé 3 enfants ou plus, qui paieront un total de 1,2 milliard en 2014 et 1,7 en 2040. Le fait de devenir imposable supprime des exonérations et aides diverses ;
–    1er avril 2013, une taxe CASA (Contribution Additionnelle de Solidarité Active) ponctionne la pension de 0,3 % et rapportera 645 millions d’€ à l’État en 2015. Sa création a été justifiée par le nécessaire financement de l’aide à l’autonomie… elle a servi à autre chose en 2013 et 2014 !
–    1er avril 2013, la revalorisation des pensions (pourtant seulement en fonction de l’inflation officielle) est reportée de 6 mois, au 1er octobre, ce qui coûte 1,2 milliard d’€ aux retraité-es ;
–    août 2013, la « réforme » des retraites fait contribuer le plus les retraités (3,7 milliards d’€), puis les salariés (3,2 milliards),pas les entreprises dont l’apparente contribution est compensée par la suppression partielle des cotisations familiales pour satisfaire la promesse du gouvernement « il n’y aura pas de hausse du coût du travail en 2014 » ;
–    mesures d’austérité du gouvernement Valls de 2014 avec le pacte de « responsabilité », gel des prestations sociales dont les pensions : pendant un an et demi, 8,5 millions de retraités vont subir une baisse du pouvoir d’achat.
Pourtant la situation de nombreux retraité-es s’avère dramatique, dont les 42 % du régime général « bénéficiant » du « minimum contributif » de 687 €. Le sort des nouveaux retraités, ayant subi des interruptions de carrières et frappés par le cumul de toutes les contre réformes depuis 1986, est annoncé bien pire, l’étude rendue publique par l’Insee le 15 avril prévoit une baisse des pensions pouvant aller jusqu’à 30 % par rapport au salaire moyen.
L’inter-confédérale officielle des retraité-es (CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC et FGR-FP), qui refuse d’admettre la FSU et Solidaires, reste écartelée entre les forces voulant agir et celles ayant accepté l’ANI et la loi retraites.
Face à cette inaction, une intersyndicale des retraité-es CGT, FO, FSU et Solidaires prend des initiatives : conférences de presse, lettre commune remise à F. Hollande en mars 2013, incitations aux équipes locales à se rencontrer pour agir, rassemblements et manifestations locales le 8 octobre 2013… et arrive la grande manifestation nationale du 3 juin, qui s’annonce massive avec tous les cars et TGV réservés. La réussite certaine du 3 juin a incité des organisations hésitantes à s’y joindre, si bien qu’elle est maintenant appelée par 9 organisations : CGT, FO, CFTC, CGC, UNIRS Solidaires, FSU, FGR-FP, UNRPA, LSR.
Le 3 juin, un rassemblement commence à 11 heures place Joffre à Paris avec un podium, des chapiteaux, une sonorisation de l’espace, des stands / buvette / sandwichs et la prise de parole de chacune des 9 organisations.
A 13 h, la manifestation partira derrière la banderole unitaire « Les retraités en colère disent non au plan d’austérité » et se rendra jusqu’au Ministère de la Santé et des Personnes âgées.
Patrice Perret