Dans la nuit du 21 au 22 mars, à la suite de tractations, qui ne ressemblaient en rien à une négociations, le Medef, la CGPME et l’UPA ont conclu un accord avec trois organisations syndicales, le CFDT, FO, la CFTC.
Le responsable de la délégation de la CGT a protesté en dénonçant le fait que son syndicat ait été tenu à l’écart des bilatérales qui ont précédé l’accord final.
Même si tous les objectifs affichés de Gattaz et du Medef n’ont pas été atteints, c’est le patronat qui s’en sort bien : économies de 400 millions d’euros payées par les chômeurs en révisant à la baisse leurs allocations.
En tenant compte des chômeurs ayant une activité réduite, on compte aujourd’hui plus de 5 millions de chômeurs inscrits à Pôle emploi. Mais, moins de la moitié, 2,24 millions, touchent une assurance chômage. Et l’Unedic prévoit 63 200 demandeurs d’emploi supplémentaires en 2014.
Prendre des mesures pour étendre l’indemnisation à tous les chômeurs : c’était l’urgence. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé.
Et pourtant, la situation est dramatique.
L’inversion de la courbe du chômage, fin 2013, que F. Hollande s’était fixée comme objectif, n’a pas eu lieu. Tout au plus, a-t-on pu constater un ralentissemen conjoncturel durant 3 mois avec un redémarrage à la hausse le mois dernier (+32000). Et ce, malgré une envolée des radations et des cessations d’inscriptions pour défaut d’actualisation !
Les contrats d’avenir et les contrats de génération ne sont pas la recette miracle, notamment dans les secteur privé où les plans de licenciements se succèdent : le dernier en date étant celui de la Redoute avec 1200 emplois supprimés.
Le patronat, en grande partie responsable de cette situation, lui qui consacre une bonne partie de ses profits à rémunérer ses actionnaires, voulait économiser 1 milliard d’euros, réintroduire la dégressivité des allocations, supprimer le régime des intermittents du spectacle, notamment.
Il exigeait également qu’il n’y ait aucune augmentation de cotisation. Il aura eu satisfaction sur ce point, ce que souligne à juste titre Eric Aubin, de la CGT : « Il n’y a que des sacrifices demandées aux demandeurs d’emploi ».
L’annonce de la suppression du régime des intermittents du spectacle pour les aligner sur le régime général, sous prétexte d’un déficit dont le montant varie selon les interlocuteurs entre 340 millions et 1 milliard, a fait bondir tous ceux et toutes celles qui font vivre la culture. Déjà, en 2003, ils avaient manifesté contre l’aggravation des conditions imposées ouvrant droit à une indemnisation.
Conjointement avec une diminution des budgets pour les projets culturels, la suppression du régime des intermittents, c’était un arrêt de mort pour des personnels sans lesquels de très nombreux spectacles, pièces de théâtre, émissions de télévision ou de radio ne seraient plus possibles.
A force de manifestations regroupant plusieurs milliers de personnes et d’occupation de lieux comme l’Opéra Garnier et le Careau du Temple, les intermittents ont fait reculer le Medef qui a abandonné cette exigence.
Mais, nul doute que ce projet mortifère reviendra sur le tapis. Vigilance et solidarité dans la durée avec les intermittents du spectacle.
Certes, l’accord crée des droits rechargeables pour un chômeur qui reprend un travail sans avoir utilisé tous ses droits au chômage.
Mais, toutes les autres décisions, inscrites dans cette nouvelle convention Unedec qui va s’appliquer à partir du 1er juillet, pénalisent les chômeurs.
Le délai de carence des intermittents est allongé d’un mois et les cotisations passeront de 10,8% à 12,8%. L’addition salaire-allocation est plafonnée à 5475 euros.
S’agissant du cumul emploi-indemnisation, pour les chômeurs qui obtiennent un temps partiel, si les plafonds existant sautent (durée du travail, montant du salaire, durée de l’indemnisation), ce qui les remplace aboutiront à une indemnisation versée plus longtemps mais pour un montant moins élevé.
Les cadres et les seniors de plus de 65 ans verront leurs indemnisations diminuer.
Pour ce qui concerne les cadres, le délai de carence, en fonction des indemnités supra légales de perte d’emploi, passera de 75 jours à 180 jours. Pour les salariéEs ayant un salaire supérieur à 2042 euros par mois, l’allocation atteindra 57% de l’ancien salaire et non plus 57,4%. Les cas de ruptures conventionnelles, qui ont beaucoup, augmenté, seront concernés par cette disposition.
Enfin, les seniors de plus de 65 ans ayant un emploi, actuellement exonérés, devront cotiser.
La division syndicale qui s’est manifestée quant aux dispositions de cette nouvelle convention, comme celle existant à propos du pacte de responsabilité, affaiblissent les capacités de résistance qu’il faudrait mettre en oeuvre.
La mise à l’écart des associations de chômeurs, alors qu’elle repésentent les premiers concernés, est un véritable scandale.
Rien ne permet d’envisager une amélioration du marché du travail.
Le dogme de la compétitivité, adoptée par le gouvernement, tourne le dos à l’exigence d’un emploi en CDI pour tous.
Plus que jamais, l’exigence que tous les chômeurs touchent une allocation qui ne soit pas inférieure au SMIC est d’une terrible actualité.
Il faudra la faire entendre dans la manifestation unitaire du 12 avril pour un autre partage des richesse, une alternative de gauche à l’austérité.
Michel Gautier