Un certain nombre de faits gravissimes pour les libertés comme pour l’avenir de la culture ont lieu dans des collectivités territoriales : fermetures de lieux, licenciements de directeurs, déprogrammations culturelles, il y a des mots que la droite et l’extrême droite ne supporte pas comme Art, culture, artistes, associations…. Ainsi à Saint-Ouen, Bobigny, Blanc-Mesnil, Roanne, Béziers, Hayange, Cogolin…. La liste est trop longue.
Il y a une cohérence à tout cela, refus de l’élitisme ? Volonté de lutter contre les inégalités culturelles ? Contrairement à ce qu’ils prétendent, il ne s’agit pas de cela. La preuve : les nombreux coups de rabots sur les budgets culturels qui montrent bien que leur intention n’est pas une autre ou une nouvelle ambition pour une politique culturelle en faveur des habitants. Les politiques d’austérité en œuvre conjuguées au projet de réforme territoriale entraîne une baisse dramatique des budgets cultures de l’État comme des collectivités.

En réalité c’est une conception politique de la culture qui est en jeu.
Pour les libéraux comme pour les populistes la culture ne relève pas d’une ambition d’émancipation humaine mais d’une question d’offre et de demande. Le point commun entre libéralisme et populisme c’est la marchandisation d’œuvres déjà connues, politiquement correcte à leurs yeux, répertoriées, formatées et marchandisées. « Nous savons ce que veulent les habitants » décident ces élus. Il s’agit donc de partir de ce que les habitants connaissent et pas de ce qu’ils ne connaissent pas et de ce que ces élus imaginent être la demande des habitants. Il ne s’agit plus d’ouvrir les esprits, de conquérir de nouveaux espaces de connaissance et d’imaginaire, de susciter la curiosité, l’esprit critique, le rêve d’un autre monde, surtout pas !
Il s’agit de distraire le peuple vu la situation dans laquelle il se trouve. L’art et la culture comme arme de distraction massive pour mieux aliéner et contrôler une population qui n’a pas les moyens ( qui ne doit pas? ) de s’approprier la création et les formes les plus audacieuses de l’art contemporain ? N’est ce pas là le véritable élitisme, celui qui consiste à les réserver à une toute petite minorité ?
En vérité le libéralisme et le populisme marchent d’un même pas et se nourrissent l’un l’autre. Les deux démarches excluent le peuple de toute la pensée critique et de l’imaginaire de notre temps. C’est cela le véritable élitisme. L’un comme l’autre réduisent le peuple à la servitude volontaire puisqu’ils décident à sa place de ce qui est bon pour lui et de ce qui est mauvais.
Notre conception est à l’exacte opposée : nous avons une vision et une ambition émancipatrice pour notre peuple dont nous voulons qu’il cesse d’être gouverné pour gouverner lui-même. L’art et la culture sont pour nous essentiels à son émancipation, à l’exercice de sa citoyenneté à la démocratie avec ce qu’elle suppose : faire vivre les droits à l’égalité, à la liberté et à la fraternité.
A quoi sert une politique publique de l’art et de la culture, à quoi sert l’argent public : à offrir aux
populations de nos territoires ce qu’ils connaissent déjà où voient partout ou plutôt d’organiser la rencontre vivante avec l’art et les artistes avec le savoir et l’imaginaire, à l’école, au travail et dans la cité.
A quoi sert une politique publique de l’art et de la culture sinon à permettre au populations les plus larges de s’approprier les moyens intellectuels et culturels nécessaires à leur épanouissement individuel comme à leur émancipation collective ? Mais n’est ce pas là ce qui dérange en profondeur les tenants du libéralisme ?
De ce point de vue la responsabilité de l’État est considérable. Celle des collectivités l’est tout autant.
Dans le « Roi Lear » William Shakespeare fait dire à son héros « »Si vous ne traitez l’homme que dans la mesure de ce dont il a besoin, vous le traitez aussi mal qu’un animal. »

Front de gauche pour l’art et la culture