Soutenir massivement Les Amis de la Fabrique du Sud, adhérer à l’Association !
Les salariés en lutte de PILPA, après FRALIB et d’autres, ont créé une SCOP et relancé leur production de glaces. Une nouvelle étape de la lutte contre les licenciements est peut-être en train de naître, avec la mise en avant de solutions alternatives, avec une portée mobilisatrice attractive.
« Résister, c’est créer », disent les salariés ex-PILPA, maintenant coopérateurs de la Fabrique du Sud, leur nouvel outil de travail. « Résister », ils (elles) l’ont fait longtemps, contre leur multinationale. Et maintenant, ils (elles) « créent » les conditions de leur propre emploi, avec des produits de bien meilleure qualité. Il faut les aider ! Notamment en participant au capital de leur SCOP. Nous allons tout expliquer en détail, mais avant, petit retour en arrière.
La pompe aspirante à fric
PILPA, à Carcassonne, fabriquait de la crème glacée depuis quarante ans. En 2011, un fond d’investissement américain met la main dessus, par l’intermédiaire d’une filiale R&R, qui « pèse » cent milliards de dollars. Neuf mois plus tard, PILPA est menacé : R&R rachète les marques de crèmes glacées distribuées dans les grands magasins (Auchan…), mais est mis en déficit par sa maison-mère, qui lui prête de l’argent à 10% pendant qu’elle-même en reçoit à 3%. Tout le profit remonte au fond d’investissement, les outils industriels sont mis en faillite artificiellement, et les 125 salariés de PILPA menacés de licenciements.
Au bout de 18 mois de luttes, deux jugements de tribunaux annulent les plans de sauvegarde de l’emploi, et exigent que le site soit laissé en capacité de produire. Les salariés décident alors de créer une coopérative de production, baptisée La Fabrique du Sud, commercialisant des glaces sous la marque La Belle Aude. Avec 27 coopérateurs au départ qui investissent dans la SCOP. Ils-elles décident de développer des produits de qualité, en se liant aux producteurs de lait et fournisseurs en circuit court, en mobilisant toute la population, les pouvoirs publics (l’agglomération de Carcassonne achète le terrain), les banques, les salarié-es. Leurs produits sont aujourd’hui vendus dans neuf départements du Sud de la France. Mais surtout, leur lutte, comme celle des FRALIB, est connue partout. L’Université d’été d’Ensemble à Pau, fin août, les a accueillis et ce fut un grand moment d’enthousiasme sur la capacité créative des travailleurs, et sur le potentiel émancipateur de ces « appropriations » en SCOP. Mais à une condition : que ce potentiel émancipateur s’auto-entretienne, qu’il repose sur la mobilisation, sur la solidarité, et qu’il essaime dans l’économie.
Mangez des glaces et devenez actionnaire de la lutte !
Car les ex-PILPA sont conscients de leur fragilité, même si en quelques mois leurs produits connaissent un grand succès commercial. Il faut investir et le risque est alors d’être coincé dans les circuits capitalistes financiers. D’où l’idée : créer une association d’amis qui, par cotisations accumulées, pourra contribuer au capital de la Fabrique du Sud.
Cette association est lancée : Les Amis de la Fabrique du Sud. Elle vise très haut : 100 000 adhérents en quelques années dans toute la France. A ce jour, près de 800 personnes ont adhéré, en versant dix euros ou plus, permettant d’abonder un capital de départ de 6000 euros. Objectif : être le deuxième actionnaire après les fondateurs de la SCOP (en SCOP, les salariés détiennent légalement 51% du capital) et être présent au conseil d’administration.
C’est donc un très grand mouvement social et solidaire qui est proposé à travers cette association, mais qui pourrait devenir un foyer d’idées nouvelles, sur le territoire national (les ex-PILPA et les FRALIB sont évidemment en contact permanent !) pour donner envie de généraliser de nouvelles expériences d’appropriation et de mise en cause des gestions basées sur les pompes à fric.
Il est donc fait appel aux lecteurs et lectrices du site d’Ensemble pour adhérer massivement à l’Association les Amis de la Fabrique du Sud. Des initiatives citoyennes, des rencontres, pourront vous être proposées. Comme disent les PILPA : « Consommateurs ! Devenez des Amis ! ».
Jean-Claude Mamet