Écologie et loi sur les retraites
Après le rapport 2023 du Giec, après les incendies, inondations, sécheresses, amoindrissement de la biodiversité, recul des glaciers, des forêts, etc. nous sommes entré·es dans une crise climatique globale qui a pour horizon temporel notre disparition.
La question écologique devient le problème politique principal qui ne permet plus des atermoiements, des demi-mesures. Toutes les décisions que nous prenons doivent s’examiner sous l’angle suivant : ces décisions vont-elles accroître la crise climatique ou aider à sa résolution ? Voilà le nouvel impératif qui permet de juger la valeur des réformes politiques.
Sobriété et loi sur les retraites
Or, il y a un argument que le gouvernement répète à l’envie : « Tous les pays européens ont augmenté l’âge de départ à la retraite. Faisons comme eux. » En clair, il nous demande d’être « des moutons de Panurge » ! On sait que cela les mena à la noyade. Pourquoi irions-nous nous noyer avec les autres ? Car il s’agit de cela si nous prenons au sérieux la question climatique.
Le gouvernement le sait aussi : il prêche pour plus de « sobriété ». Pourquoi la « sobriété » ne s’appliquerait-elle pas aux années d’annuité à fournir pour la retraite ? Pourquoi la « sobriété » ne reviendrait-elle pas à travailler 32 ou 30 heures par semaine ?
La question climatique demande une réduction massive de l’utilisation des énergies fossiles pour que l’air reste respirable sans effet négatif sur la santé, comme c’est déjà le cas dans les villes. Le taux de CO2 dans l’atmosphère ne cesse de croître, la température d’augmenter et le niveau de la mer de monter, des millions de personnes risquent donc la « noyade » ou deviennent des réfugié·es climatiques : déjà plus de 3 millions depuis le 1er janvier !
Tout ce qui va dans le sens d’un plus grand recours aux énergies fossiles est néfaste. L’allongement du temps de travail (deux années, retour aux 39h, etc.) augmentera la production, ce que veut le gouvernement, mais aussi le taux de CO2. Cette réforme est anti-écologique. Notre nouvel impératif la condamne sans équivoque.
De plus, derrière l’allongement de la durée de travail se tient en embuscade, le thème de la croissance à n’importe quel prix qui est semblable à une véritable croyance religieuse : « Nous croyons à la croissance qui a permis de dominer la nature, nous croyons au progrès technoscientifique, etc. » Mais aujourd’hui, nous devons dire : « Nous ne croyons plus à la croissance qui permet aux plus riches de devenir de plus en plus riches et de nous appauvrir, et à liquider nos services publics. » La réforme des retraites est faite pour que le ruissellement aille de bas en haut : du grand nombre vers le petit nombre des super riches. Elle est un aspirateur à fric pour la classe financière mondiale. Et plus ce petit nombre devient riche, plus le climat se déglingue !!
Ils le savent d’ailleurs puisque certains font tout pour aller vivre sur Mars !
Aussi est nécessaire un changement de civilisation
La bataille contre la réforme des retraites – et l’immense mobilisation le montre – n’est pas une lutte défensive. Elle est une lutte pour une civilisation pleinement humaine dans une planète guérie de sa poursuite infernale du fric. Si nous voulons gagner, c’est non seulement pour dire stop aux injustices, aux travaux pénibles, dire stop aux inégalités, à l’accroissement de la pauvreté, mais surtout pour affirmer notre volonté de construire une société débarrassée de la croissance capitaliste qui tue la Terre. Comme nos institutions actuelles sont faites pour la croissance, il est nécessaire de les révolutionner de fond en comble.
Crions aux autres pays européens qu’il est urgent pour eux, en tant que terrien·nes, qu’ils reconsidèrent leurs lois, qu’ils participent à l’effort que la société française entreprend pour éviter le piège de la croissance infinie, et qu’ils doivent avancer leur âge de départ à la retraite. Il y va non seulement de leur santé, de leur bien-être, mais de notre survie.
Les luttes présentes affirment : « nous ne voulons plus de cet horizon de travail dément qui tue notre vie de terrien·nes, nous voulons un avenir pour nous, nos enfants, nos petits enfants et pour cela notre planète doit être vivable. C’est le sens profond de notre engagement : nous réclamons un changement de civilisation. »
Jean-Paul Leroux
23 mars 2023
Pour compléter, vous pouvez lire l’article de Reporterre :
Et sur notre site, notre brochure :