Pour l’Assemblée générale de notre mouvement, le collectif national a préféré un texte court. Objectif : ouvrir des débats et donner des repères plutôt qu’une analyse achevée dans un contexte incertain. Ainsi, l’élection de Trump et la nuit américaine donnent des indications. Il serait illusoire d’en tirer la leçon décisive.

Présentation du texte d’orientation adopté à l’AG des 9-11 novembre 2024
ENSEMBLE!, acteur dans la situation nouvelle

Par Étienne Adam. Le 12 novembre 2024

Cette présentation n’est pas un résumé du texte, se reporter à la version définitive suite aux débats de l’AG1https://ensemble-mouvement.com/wp-content/uploads/2024/11/ENSEMBLE-acteur-dans-la-situation-nouvelle-red.pdf. Je me contenterai de mettre l’accent sur quelques points et d’apporter quelques compléments.

Nos fondements politiques – résumés ici – montrent qu’ENSEMBLE! est doté d’acquis communs, d’une ossature solide de positions et d’analyse. Nous insistons, depuis longtemps, sur la crise de la représentation politique qui frappe aussi la gauche, y compris la nôtre : au-delà des insuffisances programmatiques ou des expériences de gouvernement, c’est le décalage entre le champ politique et la société qui est en jeu. Le livre de Vincent Tiberj sur le mythe de la droitisation de la société et les analyses de la gauche étasunienne sur la déconnexion du parti démocrate d’avec son électorat viennent le confirmer.

Sur le RN : nous sommes tous d’accord pour souligner le danger de l’extrême droite. Mais, il nous faut poursuivre l’analyse de son succès sans chercher une cause unique. Le RN est devenu un parti multiclassiste par sa percée dans des milieux jusqu’alors épargnés, mais ceci développe des contradictions que nous n’aurions pas intérêt à négliger.

Sur le Nouveau Front populaire, il n’y a pas eu de victoire électorale, loin de là.

Les dangers d’explosion sont grands si ne se développe pas un imaginaire collectif qui fasse pièce à celui mortifère du RN, et qui transcende les différences stratégiques et les logiques boutiquières. Dans l’histoire du 20ᵉ siècle, les fascismes ne se sont pas développés comme remparts ultimes du Capital, menacés par l’offensive de la classe ouvrière, mais suite à la défaite du mouvement ouvrier.

Aujourd’hui, avec la crise du macronisme s’ouvre une situation dans laquelle son hégémonie néolibérale est mise en cause. Ce qui ne signifie pas que ces forces (Macron et LR) aient complètement disparu dans la mesure où elles disposent des outils que sont les appareils d’État profondément modifiés dans le sens de la centralisation des pouvoirs.

Ce qui est en jeu, c’est la crise de la démocratie face au discrédit du système politique actuel. Pour nous, « la démocratie est au cœur du processus d’auto-émancipation ». Il faut donc, dès aujourd’hui, défendre des modifications institutionnelles sans attendre un processus constituant nécessairement long.

La durée et la forme de la crise politique actuelle dépendent aussi de la crise économique qui vient, des contradictions qu’elle développera dans la société.

Comment ENSEMBLE! peut-il être utile, peser compte tenu de ses forces ?

En se donnant des priorités collectives. Il ne s’agit pas là d’exclusivités qui s’imposeraient et se substitueraient aux terrains de lutte locaux dans leur diversité : ce serait aller contre les fondements fédératifs d’ENSEMBLE! et la prééminence des collectifs locaux.
Il s’agit de mobiliser nos moyens (EAN, CN, commissions, journées de travail, visios …) pour nous donner des outils communs sur ces priorités.

Première priorité :  « renforcer un front politico-social ».

Nous sommes tous d’accord pour construite un nouveau Front populaire qui ne se limite pas à un cartel d’organisations politiques. Pour des assemblées citoyennes de la base au sommet, il faudra, à partir des expériences, nous donner une feuille de route dans ce sens.
Il est temps de porter une attention particulière au mouvement syndical qui en est une pièce centrale. Il faut en suivre les débats et les initiatives, les populariser.

Deuxième priorité : «  développer la mobilisation pour des mesures unificatrices »

Le Conseil Économique, Social et environnemental vient de publier un rapport qui reflète bien des « bougés » de l’opinion depuis la lutte sur les retraites : « l’urgence de restaurer la confiance dans l’avenir passe notamment par un renforcement de la justice sociale et fiscale. ».
Aux mobilisations existantes, il faut rajouter les luttes pour l’emploi contre les vagues de licenciements et celles sur l’assurance chômage (pour le MEDEF, il faut 75 % d’intermittent·es en moins …).
Nous devons, avec divers partenaires, en faire un sujet central du débat public. Ce d’autant plus que des alternatives existent, que ce soit dans la transition écologique, dans les services publics… ou en termes de garanties, de droits pour les salarié·es.
Mais la gauche a accumulé un énorme retard sur l’analyse des « classes sociales dans le capitalisme aujourd’hui » pour reprendre le titre de l’ouvrage de Poulantzas de 1974 ! Nous devons être acteur·trices de ce débat, dans le Front populaire et au-delà.

Troisième priorité : « combattre les idées d’extrême-droite et la menace néo-fasciste »

Cette priorité insiste sur la nécessité d’une reconquête de l’opinion qui réponde à l’offensive idéologique de l’extrême droite.
Bien sûr, la presse n’a pas créé le fascisme, mais les batailles politiques se perdent aussi sur le terrain des idées. Ces idées qui, quand elles pénètrent les masses, deviennent forces matérielles.

Le culturel, la presse occupent une place centrale dans la lutte idéologique et culturelle. Nous mesurons, toutes et tous, le poids de l’empire Bolloré.
Exiger la liberté d’informer, la liberté de la presse vis-à-vis des propriétaires, mais aussi la liberté de création, est aujourd’hui un enjeu. En attendant de nous attaquer à la vision libertarienne des réseaux sociaux.

ENSEMBLE!, acteur dans la situation nouvelle
Texte adopté le 11 novembre 2024.

Consultable ci-dessous et téléchargeable au format PDF

Notes