La victoire de Joe Biden à la présidentielle et des démocrates à la Chambre des Représentant-es et au Sénat ont constitué une lourde défaite pour le parti républicain et avant tout pour Donald Trump. Mais le nombre de votes en faveur de sa réélection, plus élevé que lors de l’élection générale de 2016, ainsi que plusieurs événements qui ont culminé le 6 janvier dernier en prenant la forme d’une émeute – des centaines de manifestant-es prenant d’assaut le Capitole où se trouvaient les parlementaires étatsunien-nes sur le point de voter la certification des résultats des présidentielles – ont démontré que le trumpisme est bien vivant et n’est pas prêt de disparaître après le départ de Trump. La manifestation en faveur du maintien du président au pouvoir qui a dégénéré en trouble insurrectionnel était le résultat d’une coalition de réseaux ultra réactionnaires, complotistes et d’extrême droite : QAnon, les Boogaloo Bois et les Proud Boys partagent à des degrés divers suprématisme blanc, antisémitisme, conspirationnisme et paranoia vis à vis des institutions fédérales qu’ils considèrent comme les instruments de l’asservissement de la population américaine au service de « l’état profond » et d’élites qualifiées de « cosmopolites » dans leur rhétorique raciste. Des républicain-es nouvellement élu-es à la Chambre comme Marjorie Taylor Greene, membre de Qanon et militante en faveur du port d’arme, qui vient d’annoncer qu’elle ferait tout pour destituer Joe Biden dès son arrivée au pouvoir, ou encore le jeune Madison Cawthorn, fier de s’être rendu au Nid d’Aigle, la résidence de vacances d’Hitler, et accusé d’agressions sexuelles, sont la relève qui pourra servir de relais institutionnel à ce mouvement, aux côtés des sénateurs Ted Cruz et Josh Hawley, qui continuent à soutenir la thèse mensongère de la fraude électorale des démocrates. La gauche et les mouvements sociaux sont conscient-es de la nécessité de mobiliser sur des revendications démocratiques mais aussi de faire pression dans la rue et dans les institutions grâce au Squad et à Sanders, nommé président de la commission du Budget au Sénat, pour obtenir la mise en place de mesures d’urgence sociales et écologiques à même de faire refluer la menace de l’extrême droite.