Le 17 avril 1825, le roi Charles X signait une ordonnance reconnaissant l’indépendance d’Haïti, en contrepartie d’une indemnité colossale de 150 millions de francs, destinée à dédommager les anciens propriétaires esclavagistes. Cette « dette de l’indépendance » a enrayé le développement de l’État caraïbéen. Nous signalons les articles du CETRI.
Par divers auteurs du CETRI1Le Centre tricontinental (CETRI) est un centre d’étude, de publication et de formation sur les rapports Nord-Sud et les enjeux de la mondialisation en Afrique, en Asie et en Amérique latine.. Publiés les 17, 22 et 28 avril sur le site du CETRI.
Trois articles du CETRI sur la dette imposée à Haïti
Bicentenaire de la dette d’indépendance d’Haïti : « une injustice historique »
Par Benjamin König, Frédéric Thomas, Jean-Michel Hauteville, Stéphanie Trouillard. Le 7 avril 2025.
Il y a 200 ans, le 17 avril 1825, le roi Charles X signait une ordonnance reconnaissant l’indépendance d’Haïti, en contrepartie d’une indemnité colossale de 150 millions de francs, destinée à dédommager les anciens propriétaires esclavagistes.
Cette « dette de l’indépendance » a enrayé durablement le développement du jeune État caraïbéen.
Deux siècles plus tard, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer des réparations.
Réactions en demi-teinte après l’annonce par Emmanuel Macron de la création d’une commission binationale d’historiens chargée d’étudier les effets de cette « double dette ».
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Suite de l’article « Bicentenaire de la dette d’indépendance d’Haïti : « une injustice historique » »…
France-Haïti 1825-2025 : une reconnaissance partielle et partiale
Par Frédéric Thomas. Tribune parue dans Libération et publiée le 22 avril 2025 sur le site du CETRI.
À l’occasion du bicentenaire de la rançon imposée par la France à Haïti, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’une commission d’historiens. Il n’est cependant pas question de réparation dans cette démarche qui semble empêtrée d’une vision impérialiste.
La tribune de Frédéric Thomas dans Libération.
Le 17 avril 1825, Charles X, « ordonne » à Haïti de payer une indemnité de 150 millions de francs pour « dédommager les anciens colons ». En échange, la France « concède » l’indépendance à son ancienne colonie. Celle-ci s’était pourtant libérée seule, à travers une longue guerre de libération, vingt-et-un an plus tôt, en 1804. Mais, dans le contexte colonial et esclavagiste du 19ème siècle, Haïti est à la fois une monstruosité et une menace : aucune nation civilisée n’est prête à reconnaître cet État né d’une révolution victorieuse d’esclaves noirs.
Deux cents ans plus tard, le 17 avril 2025, par un communiqué, le président Emmanuel Macron revient sur cette histoire. Côté face, une prise de parole au sommet de l’État afin de « regarder cette Histoire en face » et de « refuser l’oubli et l’effacement ». L’annonce également de la mise en place d’une commission mixte franco-haïtienne d’historiens, coprésidée par Gusti-Klara Gaillard Pourchet, historienne haïtienne dont les travaux ont largement contribué à éclairer cet événement. Côté pile, l’absence de demande de pardon, sans référence aucune aux termes de « réparation » et de « restitution », ainsi qu’une méthode biaisée qui reste empêtrée dans une vision impériale.
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Suite de la tribune de Frédéric Thomas « France-Haïti 1825-2025 : une reconnaissance partielle et partiale »…
200 ans après la dette odieuse imposée à Haïti, NON au mépris persistant de la France
Par un collectif. Tribune publiée le 24 avril 2025 dans L’Humanité.
Un collectif de signataires juge insuffisantes les annonces du président de la République à l’occasion du bicentenaire de l’indépendance d’Haiti.
Deux siècles après l’imposition d’une dette coloniale injustifiable à Haïti, la France continue de fuir ses responsabilités. Nous, collectifs, membres de la société civile et militant·e·s solidaires, exprimons notre profonde indignation face à la déclaration du président Emmanuel Macron, qui refuse toujours de reconnaître pleinement la nature odieuse de cette dette et d’engager le processus de réparation.
Nous, actrices et acteurs de la société civile, membres d’organisations de solidarité internationale et défenseur·e·s de l’autodétermination des peuples, unissons nos voix pour rappeler une vérité longtemps occultée : Haïti est la victime d’une dette injuste, d’un mal-développement structurel et d’une violence historique dont la France demeure comptable.
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Suite de la tribune « 200 ans après la dette odieuse imposée à Haïti, NON au mépris persistant de la France »…
Notes
- 1Le Centre tricontinental (CETRI) est un centre d’étude, de publication et de formation sur les rapports Nord-Sud et les enjeux de la mondialisation en Afrique, en Asie et en Amérique latine.