Depuis le 7 octobre, aucun journaliste étranger ne peut pénétrer librement à Gaza. Israël limite au maximum les informations qui en proviennent. Des journalistes gazaouis parviennent, malgré le danger, à transmettre des informations. Israël en est réduit à prétendre qu’elles sont fausses. Le site Yaani fait le point.
Gaza, stratégie d’invisibilisation d’un génocide
Par Mehdi Belmecheri-Rozental1diplômé de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Publié le 29 septembre 2024 par Yaani.
Depuis un an, Israël a mis en place une stratégie visant à limiter au maximum le flux d’informations et d’images provenant de la bande de Gaza, et à réduire les pressions de la communauté internationale, quitte à aggraver encore davantage ses violations du droit international.
Depuis le 7 octobre, aucun journaliste étranger n’a pu entrer librement dans la bande de Gaza, excepté une journaliste de CNN entrée avec une ONG émiratie via le territoire égyptien. La cour suprême d’Israël a rejeté en janvier une demande de l’association de la presse étrangère qui demandait un accès libre à Gaza, sous prétexte que celle-ci pourrait mettre en danger ses militaires. Seule une poignée de journalistes embarqués par l’armée israélienne, avec un contrôle strict, ont pu accéder au territoire gazaoui : « L’Armée israélienne, depuis le matin du 7 octobre, tente d’imposer un black-out médiatique sur l’enclave palestinienne de Gaza. C’est aussi simple et c’est aussi violent que ça », explique Jonathan Dagher, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF.
Un avis partagé par Wilson Fache, journaliste et ancien correspondant dans les territoires occupés : « C’est unique au monde. On en parle beaucoup entre nous, entre journalistes qui couvrons Israël et la Palestine. On est assez choqué effectivement par ce blocus médiatique qui est sans équivalent. C’est vraiment une stratégie, je pense, qui a été pensée de bout en bout pour vraiment, vraiment limiter notre couverture. »
Blocus médiatique
Depuis un an, les journalistes étrangers sont contraints de travailler exclusivement à distance en échangeant avec des habitants et des journalistes présents dans la bande de Gaza.
Wilson Fache poursuit: « On a pu réaliser une couverture très large du massacre du 7 octobre, et il le fallait au vu de l’ampleur de l’attaque. Les autorités israéliennes nous ont invités à le faire, il n’y avait aucune restriction. Par la suite, pour la bande de Gaza, on aurait aimé pouvoir couvrir autant la situation et aller sur place mais on nous empêche de le faire. » Simultanément, les autorités israéliennes ont donc facilité et orienté l’accès à l’information sur l’attaque du Hamas du 7 octobre pour les journalistes, à condition néanmoins que cela reste dans le cadre de l’enquête et du récit défini par les services de l’armée. Cela a de fait créer un énorme deux poids deux mesures dans l’accès à l’information.
Pour Israël, l’enjeu est énorme : « L’État israélien sait que les médias occidentaux sont perçus, comme « plus fiables ». Et même si cela n’a pas de fondement, s’il permettait l’accès à ces médias, la couverture de l’information serait à la fois plus complète et plus crédibilisée dans les opinions occidentales. Si les grandes chaînes pouvaient couvrir et compléter le travail des journalistes palestiniens sur place, la propagande israélienne serait complètement mise à mal, la pression de l’opinion publique serait encore plus forte, et les gouvernements seraient sommés d’agir » explique Yanis Mhamdi, journaliste pour Blast.
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Notes
- 1diplômé de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)