Le meeting du 6 mars contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire a été un grand succès. Ce que nous en disions en le préparant s’est révélé exact : nous avons assisté à la première grande initiative anti raciste de l’après 7-8-9 janvier. Cela donne aujourd’hui au mouvement anti-raciste des responsabilités importantes, alors que de nouvelles attaques islamophobes et sexistes visant les femmes voilées sont en préparation. Il faut poursuivre cette mobilisation en assurant la réussite de la prochaine importante initiative antiraciste que sera la manifestation du 21 mars, journée mondiale contre le racisme.
Quelques 83 organisations, parmi lesquelles Ensemble!, appelaient à ce meeting1. Et la Bourse du Travail de Saint Denis était pleine à craquer, comme sans doute elle ne l’avait jamais été, si ce n’est à l’occasion de moments exceptionnels de campagnes électorales. Ce sont plus de 600 personnes qui étaient massées là. Les 400 places assises étaient occupées, les déambulatoires et les escaliers étaient bondés, et le hall d’accès était en permanence rempli. Une foule plutôt jeune, mélangée, mixte, à la fois émue et enthousiaste, dans une ambiance fraternelle et combative.
Trois semaines de préparation intense ont permis à cette initiative de prendre une ampleur que, de mémoire anti-raciste, on n’avait jamais vue. Un contre-feu est ainsi allumé contre le développement du racisme islamophobe auquel on assiste depuis le début de l’année. C’est très encourageant, et restera dans les mémoires de celles et ceux qui ont pu s’y rendre.
Après une présentation d’un état des lieux par le CCIF, se sont succédés plusieurs témoignages, souvent forts, parfois émouvants, parfois scandaleux, du vécu quotidien de l’islamophobie, avant et surtout après les attentats de janvier. Il était ainsi rendu compte de l’ambiance délétère qui règne dans ce pays.
Parmi les moments forts des interventions suivantes, retenons entre autres celle de la secrétaire générale du Syndicat de la Magistrature, expliquant comment la mise en œuvre des récentes lois sécuritaires se combinait avec le climat islamophobe, et celle de Michèle Sibony, de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), rejoignant plusieurs intervention qui avaient mis en évidence les étroites relations entre le développement de l’antisémitisme et celui de l’islamophobie, et montrant comment les luttes contre ces deux racismes devaient s’épauler.
La question a été posée : fallait-il contribuer au succès d’une initiative contre l’islamophobie, alors qu’il est nécessaire de construire un large front antiraciste ? Mais cette question, à laquelle la réussite de l’évènement permet de répondre sans hésiter par l’affirmative en appelle une autre : peut-on prétendre lutter contre tous les racismes si l’on ne lutte pas contre chacun d’eux ? Ce qui est certain, c’est à la fois qu’on ne peut que se féliciter du succès d’une initiative antiraciste, et que continuer à travailler à la construction du large front qui est notre objectif stratégique demeure une nécessité. La réussite du meeting du 6 mars est une étape importante dans cette construction. Prochaine étape, le 21 mars.
Plus que jamais, Il y a urgence à ce que les forces du mouvement social, les organisations de gauche, les associations, les syndicats s’emparent de cette question décisive pour l’unité de toutes celles et tous ceux qui ont un intérêt vital à lutter pour le changement social et pour une véritable alternative politique.

Laurent Lévy

1La présence parmi ces 83 organisations de l’UOIF ayant fait polémique, cette tribune a été publiée pour y répondre : https://www.ensemble-fdg.org/content/meeting-du-6-mars-contre-lislamophobie-une-lutte-ne-fait-pas-oublier-les-autres