Depuis la collision fin février de deux trains, causant 57 morts, des manifestations gagnent la Grèce. Une grande partie de la population a pris conscience que la catastrophe ferroviaire n’était pas un incident isolé dû à une erreur humaine, mais l’aboutissement logique d’années de dégradation et de précarisation orchestrées par tous les gouvernements en faveur des profits privés.

C’est ce que développe Theodoros Karyotis dans un article paru le 15 mars 2022 dans Basta!.

Le 28 février, tard dans la nuit, la collision de deux trains des chemins de fer récemment privatisés et en dégradation continuelle a fait au moins 57 morts, pour la plupart des étudiants des universités locales de Thessalonique. Depuis lors, la mobilisation, les marches, les manifestations et les grèves sont permanentes. Le 8 mars, la grève des femmes a coïncidé avec une grève générale ; des manifestations ont eu lieu dans plus de 80 villes et îles. Athènes et Thessalonique ont connu leurs plus grandes manifestations depuis une dizaine d’années.
Un sentiment de deuil et de rage s’est emparé du pays (…)

Dégradation systémique

L’incident met en évidence une profonde dégradation à de nombreux niveaux : la négligence criminelle et la dégradation des infrastructures publiques, le manque de personnel et de financement dû aux coupes budgétaires, les accords de privatisation de type colonial, l’appropriation clientéliste des services publics, la collusion des politiciens avec les constructeurs dans les grands travaux d’infrastructure, les campagnes de diffamation contre les syndicats de cheminots qui n’ont cessé de dénoncer les carences en matière de sécurité, l’incompétence et l’irresponsabilité du gouvernement, le cynisme des politiciens qui semblent se soucier davantage de leurs perspectives de réélection que des pertes massives de vies humaines, et la complicité des médias oligarchiques, qui mentent et manipulent pour dissimuler les vraies responsabilités.

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Theodoros Karyotis est sociologue, traducteur et militant participant à des mouvements sociaux qui soutiennent l’autogestion, l’économie solidaire et la défense des Communs. Il est membre de l’initiative de solidarité avec l’usine autogérée de Vio.Me.