Mardi 17 décembre, c’était le 5ème jour d’une grève reconductible dans trois raffineries Total : Gonfreville, Feyzin, Châteauneuf-les-Martigues – La Mède.
Elles représentent à elles trois, les deux tiers de la production de Total en France : 613 000 barils par jour.
Dans les deux autres raffineries du groupe, Grandpuits et Donges, le mouvement s’est arrêté le lundi 16 décembre.
CGT et FO sont à l’initiative de cette grève, massivement suivie à la production, si bien que plus aucun camion ne sort des trois sites toujours bloqués.
En cause, l’augmentation des salaires proposée par la direction, dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO), jugée insuffisantes par ces deux syndicats au vu des bénéfices réalisés par Total en 2012.
La direction de Total veut cantonner à 1,5 % l’augmentation générale des salaires, le reste étant distribué de façon parcellaire, soit en fonction de l’ancienneté, soit à titre individuel.
Total et son PDG, Christophe de la Margerie, sont tout-à-fait dans la ligne du Medef : on gâte les actionnaires et on en donne le moins possible aux salariéEs. Pierre Gattaz, président du Medef, n’hésitait pas à déclarer tout récemment que le Smic réévalué de 1,1 %, c’était déjà plus que l’inflation de 0,4 % et que le « vrai problème aujourd’hui c’est le coût du travail ».
Pour Eric Sellini, coordinateur des syndicats CGT du groupe, « la direction se moque des salariés, les résultats du groupe sont bons et l’entreprise se porte très bien ».
C’est la stricte vérité.
En 2012, Total a réalisé un bénéfice de 10,7 milliards d’euros. Au profit de qui ? Des actionnaires qui se sont partagés, sous forme de dividendes, 5,3 milliards, soit près de 50 % des bénéfices.
Ce qui fait dire à Julien Granato, délégué CGT à la raffinerie de La Mède, que « la crise a bon dos, les milliards de bénéfices sont toujours présents ».
Et donc, la grève continue pour une augmentation plus conséquente de tous les salaires, contre un groupe qui s’est fait une spécialité de l’optimisation fiscale. Pour cela, toutes les ficelles sont bonnes. D’un côté, Total est destinataire de cadeaux fiscaux comme le crédit impôt recherche et le crédit impôt compétitivité emploi (CICE). De l’autre, il utilise tous les moyens pour être en mesure de déclarer zéro bénéfice à l’administration fiscale : intégration des gains et des pertes, déductibilité des intérêts, bénéfice mondial consolidé (BMC) qui permet des déduire des résultats positifs les pertes à l’étranger.
La salariés de Total avec leurs syndicats CGT et FO s’attaquent à une grosse pointure du CAC 40. Déjà, en 2010, à l’occasion de le grève contre la réforme des retraites, ils avaient mené une grève de longue durée et les patrons pétroliers s’en souviennent encore.
Ils ont besoin de tout notre soutien.
D’autant plus qu’au nom de la compétitivité des entreprises, les patrons se permettent d’exiger du travail gratuit chez Styx, aux chantiers navals de Saint-Nazaire : pour faire face à la concurrence et construire des bâteaux, il faudrait que les salariés des chantiers travaillent gratuitement 20 minutes tous les jours.
La crise, elle n’est pas pour tout le monde.
Pour un partage plus équitable des richesses, il faut 300 euros d’augmentation pour toutes et tous et un SMIC à 1700 euros.
Solidarité avec les luttes des salariéEs pour les salaires et l’emploi.
Michel Gautier