Nicolas, cheminot en grève depuis huit jours, fait le point sur la grève reconductible à la SNCF contre le projet de loi sur la réforme ferroviaire. Au 8e jour de grève et après la manifestation du 17 juin aux Invalides, quel est le climat parmi les grévistes, où en est la mobilisation ? R : le 17 juin, quelques miliers de cheminots ont manifesté aux Invalides et jusqu’à l’Assemblée nationale et ça faisait du bien de se retrouver ensemble malgré la violence de la police à notre égard. Il y a une érosion du nombres de grévistes, mais les cheminots mobilisés n’en sont que plus déterminés contre une réforme ferroviaire qui ouvre la voie à une concurrence qui détruire le service public ferroviaire. Sur Paris Sud Est, hier, après notre AG qui a reconduit la grève pour 24 h, nous sommes allés rejoindre les cheminots d’Austerlitz, à pied depuis Gare de Lyon, en manifestation. Y-a-t-il des avancées dans la convergence des luttes ?R : depuis le début du conflit, il y a des contacts quotidiens entre les intermittents/précaires et les cheminots (des cheminots vont à leur AG et inversement.). Des cheminots se sont rendus à la manifestation des intermittents le 16 juin, place du Palais-Royal, à Paris. Il y a, je pense, une grosse attente sur la convergence avec la manif d’aujourd’hui, 19 juin. Est-ce que vous ressentez la pression médiatique exercée contre la grève ? R : énormément ! Le mépris se fait de plus en plus ressentir et avec la fatigue les tensions montent (tant du côté des usagers mécontents que des cheminots, provocations à Gare de lyon et Gare d’Austerlitz hier…)Les interviews régulières façon micro trottoir d’usagers et le fait qu’on entendent que les députés UMP qui multiplient les provocations en parlant du statut ou de suppression de l’EPIC de tête une fois que l’UMP sera revenu aux affaires… (interwiew de Bruno Lemaire hier dans Métro, vidéo de D. Bussereau sur Youtube…)A cette pression médiatique s’ajoute celle des deux syndicats, via les médias toujours, qui ont validé la réforme : la CFDT prétendant qu’il y a des menaces sur leurs militants et l’UNSA demandant à la direction des sanctions contre les grévistes qui essaieraient de remobiliser les collègues qui ont repris le travail…Enfin, s’ajoutent les provocations de notre direction qui dit qu’elle n’étalera pas les retenues pour les jours de grève comme cela se fait « traditionnellement » mais que les jours non travaillés seront tous prélevés sur la paye de juin… La réforme ferroviaire est en discussion à l’assemblée nationale : y-a-t-il des bougés dans le texte discuté ?  R : oui, le plus caracteristique étant celui, porté par les écologistes, le Front de gauche qui permettrait de conserver un « caractère indissociable et solidaire » des trois entités, SNCF (Epic de tête), SNCF mobilités et SNCF réseau. Les députés ont également voté la création d’un comité central d’entreprise au niveau du groupe, là où le projet de loi ne faisait référence qu’à un comité de groupe, simple organe de concertation. Mais, la position portée par Sud-Rail reste le retrait pur et simple de cette réforme qui ne réunifie pas la SNCF en un seul groupe. La solidarité se manifeste-elle à l’égard des cheminots en grève ? Comment peut-elle se manifester ?  R : elle se manifeste de plusieurs façons : déclarations de soutien de différentes organisations politiques, de personnalité, éluEs dans les rassemblements ou les manifestations…Tous les jours à notre AG est présente une personne d’un comités d’usagers du quartier… Des tickets ont été distribués par le CE Régional pour des repas complet à 1 euro… Des caisses de grève sont alimentées par des soutiens. (Entre autres par le Collectif national d’Ensemble ! les 14 et 15 juin dernier…). Des diffusion de tracts sont faites à destination des usagers (Solidaires Étudiants, jeunes d’Ensemble !…). Autant d’initiatives qui sont les bienvenues et remotivent les grévistes. Autant d’initiatives qui sont à amplifier… Propos recueilli par Michel Gautier.