Maurice Rajsfus nous quittés le samedi 13 juin, à l’âge de 92 ans.
Enfant, il avait échappé à la déportation qui suivit la Rafle du Vél’ d’Hiv. Alors que ses parents allaient disparaître à Auschwitz, lui et sa sœur furent sauvés grâce à la lucidité de leur mère : au centre de regroupement de Vincennes un contrordre indiquant que les jeunes de 14 à 16 ans et de nationalité française pouvaient sortir, elle leur dit de partir…
Une expérience qui allait faire de Maurice un survivant, dont les engagements seraient indéracinables.
De la jeunesse difficile jusqu’à la vieillesse, un long parcours riche et solide. Il rejoint la Jeunesse communiste et le Parti communiste français, dont il allait être exclu pour trotskisme, puis militant du Parti communiste internationaliste (section française de la IVème Internationale), il allait se rapprocher du courant Socialisme ou barbarie, et aussi fréquenter les milieux surréalistes. Il vécut Mai 68 comme un salubre rajeunissement, ensuite il se rapprocha du PSU, avant de se consacrer plus exclusivement au journalisme et au syndicalisme. Un parcours qui croisa souvent celui de Michel Lequenne, à qui le 19 février dernier il rendit hommage lors des obsèques de ce dernier, sans doute une des dernières interventions publiques de Maurice Rajsfus.
Ecrivain, il a écrit une soixantaine de livres, et de manière militante il se fit l’enquêteur inlassable et rigoureux de ce qu’il savait gros de menaces mortelles. Ainsi il participa au mouvement Ras l’Front, qu’il présida quelques années, créa avec Jean-Michel Mension l’Observatoire des libertés publiques, puis assura la publication du bulletin Que fait la police ?
Un travail impressionnant de surveillance de cette même police. A ses yeux une nécessité, dont à la fin de sa vie il put entendre de puissants échos dans nos rues et au coeur de bien des villes du monde.
Il nous laisse avec ses ouvrages et ses recherches une documentation irremplaçable, et par sa personnalité un exemple de courage et de rectitude.
Francis Sitel