Un projet du Parlement israélien placerait la totalité des sites archéologiques des territoires palestiniens de Cisjordanie sous la responsabilité directe des services archéologiques de l’État d’Israël. Des archéologues israéliens aussi bien que palestiniens s’y opposent. Une tribune d’archéologues s’associe aux protestations et appelle à signer une pétition de soutien.
Contre la « guerre des ruines » en Palestine : non à l’instrumentalisation politique de l’archéologie en Cisjordanie
Par les membres de l’équipe de recherche l’Orient, d’Alexandre à Muhammad – OrAM. Tribune parue dans Libération, le 30/07/2024.
Le Parlement israélien a approuvé en lecture préliminaire le 10 juillet 2024 un projet d’amendement à sa législation qui placerait la totalité des sites archéologiques des territoires palestiniens de Cisjordanie sous la responsabilité directe de l’Israel Antiquities Authority, c’est-à-dire des services archéologiques de l’État d’Israël.
Ce projet suscite l’opposition des archéologues israéliens aussi bien que palestiniens (voir plus bas).
L’application en territoire occupé de la législation d’une puissance occupante par sa propre administration est une violation du droit international. En outre cet amendement s’inscrit dans une logique de colonisation.
En effet, il est courant que des colonies s’implantent autour de sites archéologiques dits « juifs » (Shiloh par exemple) qui sont alors instrumentalisés en justifiant d’une présence juive historique dans ce qui est aujourd’hui la Palestine.
Ainsi, à Djabal Sabih, au sud de Naplouse, où des prospections ont indiqué la présence d’un site archéologique datant de l’âge du Fer II et de l’époque perse (première moitié du premier millénaire av. J.-C.), la colonie illégale d’Evyatar a été réimplantée en 2023 avec l’accord tacite des autorités israéliennes, et a été officiellement reconnue le mois dernier.
Ce processus d’annexion se développe : à Sabastiya, l’antique Samarie/Sébastè, 150 ha avaient déjà été accaparés au-delà de la zone archéologique, et le 24 juillet 2024, l’armée a informé le maire de Sabastiya de la confiscation de 1 300 m² sur la zone archéologique, au sommet du site, pour aménager une zone militaire.
Il y a urgence à réagir, car la Cisjordanie abrite plus de 7000 sites archéologiques déjà recensés autour des villes et des villages palestiniens.
[…]
Pour lire la suite de la tribune, voir la liste des premiers signataires et signer la pétition…
Pour compléter, vous pouvez lire :
- « L’archéologie, pioche de l’annexion en Cisjordanie », article de Cécile Lemoine. Publié le 22 juillet 2024 sur le site de Terresainte.net
- « La compétence de l’Autorité des antiquités bientôt étendue à la Cisjordanie ? », article de Charlie Summers. Publié le 9 juillet 2024, sur le site de The Times of Israël