Les 11 et 12 janvier s’est tenu à Lyon le procès du commissaire Souchi qui avait ordonné la charge policière ayant très grièvement blessé notre camarade Geneviève Legay. Le verdict est attendu le 8 mars. En attendant, des membres du collectif Rhône et Métropole de Lyon d’ENSEMBLE! ont interviewé Geneviève.

Procès des violences policières : 3 questions à Geneviève Legay

Par E! 69. Publié le 28 janvier 2024.

Les 11 et 12 janvier s’est tenu à Lyon le procès du commissaire Souchi qui avait ordonné la charge policière ayant très grièvement blessé Geneviève Legay, le 23 mars 2019 à Nice, lors d’une manifestation de Gilets Jaunes.

Le délibéré sera rendu le 8 mars.

Geneviève Legay répond à nos questions

1- Comment vas-tu depuis l’agression policière subie ? Quelles étaient tes attentes en matière de « réparation » et sur le plan politique ?

On va dire que je vais bien au regard du grave traumatisme crânien que j’ai eu. Les docteur·es m’ont dit plusieurs fois qu’iels ne comprenaient pas comment j’étais encore en vie.

Donc, il me reste que j’ai zéro odorat définitivement d’après l’ORL.
Je n’ai que les 5 goûts de la bouche, les autres dépendant de l’odorat ! L’agression policière a accéléré ma vieillesse et a donc aggravé ma DMLA. Je suis malvoyante et au niveau de l’oreille droite, j’ai perdu 35% d’audition, je suis appareillée depuis 2021.
Les docteur·es ORL, ophtalmo, etc… ont demandé de monter un dossier MDPH (Maison départementale pour handicapé·es ).
45 séances de kiné vestibulaire ne m’ont pas permis de retrouver 100 % de l’équilibre.
Je ne suis qu’à 85 % et je titube comme si j’étais ivre.

Côté psychologique, ces 5 ans ont été difficiles, car beaucoup de personnes, malgré tout bienveillantes, se pressaient autour de moi. J’ai eu des difficultés à accepter d’être reconnue comme une personne ayant fait quelque chose d’extraordinaire, alors que, comme bon nombre d’entre nous, nous manifestons depuis de nombreuses années, tout simplement.
C’est juste tombé sur moi…

Il n’y a pas de réparation possible. Pendant ces presque 5 ans les docteur·es ont fait le maximum bien sûr. Si j’obtiens 4 sous, je les prendrai, mais ce n’est pas ça qui me redonnera la santé.

Je souhaite que le verdict du 8 mars soit positif pour la justice sociale et qu’il pourra faire jurisprudence pour toutes les familles de victimes et les victimes de violences policières s’iels font un procès. C’était mon souhait…

2- Comment as-tu vécu ce procès, dépaysé à Lyon ?

Tout d’abord, je tiens à remercier chaleureusement Attac, mes avocat·es, toutes les personnes, les organisations, qui m’ont soutenue pendant ces presque 5 ans ainsi que pendant les deux jours du procès. Sans ce soutien indéfectible, aurais-je tenu dans la durée ? J’ai abordé ce procès avec détermination et calme, car j’étais sûre de mon bon droit.

Toutefois, aujourd’hui dans cette société anxiogène, tout est permis du côté du plus fort. Je voulais que justice soit faite.

Le réquisitoire du procureur a été presque parfait concernant les faits reprochés à Rabah Souchi.
La peine demandée, 6 mois de prison avec sursis, a été décevante. Elle n’a pas été en corrélation avec les faits avérés et que le procureur a relevés et dénoncés. Il a quand même défendu l’institution ! Tout comme l’a fait par ailleurs l’avocat de Souchi qui n’a cessé de stigmatiser le policier d’en bas… « Guerre des classes »….

Malgré tout, nous avons quand même pu amener un commissaire divisionnaire arrogant, méprisant, suffisant, à la barre d’un tribunal pour être jugé. C’est déjà une victoire. C’est historique. Il a dû s’expliquer devant la présidente, les juges assesseures et le procureur pour sa mauvaise gestion de la situation ce jour-là alors qu’il disposait de 200 policier·es et gendarmes et que nous, nous étions quelques dizaines de pacifistes.

[…] Pour lire la suite de l’interview de Geneviève Legay…