Observatoire des médias né du mouvement social de 1995, Acrimed cherche à mettre en commun savoirs professionnels, savoirs théoriques et savoirs militants au service d’une critique indépendante, radicale et intransigeante des médias. C’est à ce titre qu’Acrimed a publié  plusieurs articles au sujet du traitement médiatique des évènements en Israël et en Palestine. Il nous a semblé utile d’en faire connaître certains.

D’Israël à Gaza (1) : myopie et doubles standards

Par Acrimed, lundi 23 octobre 2023

Les massacres commis contre la population israélienne par le Hamas le 7 octobre ont été l’objet d’une couverture médiatique massive, qui a conditionné le traitement de la réaction militaire de l’État d’Israël à Gaza – et en Cisjordanie occupée, dont la situation reste largement sous les radars journalistiques. Soyons clairs : on ne peut prétendre analyser cette séquence de manière exhaustive, qui n’est du reste pas terminée. Aussi, et malgré la difficulté qu’aura représenté le travail d’observation, en particulier des réseaux sociaux et des médias audiovisuels, nous nous proposons de livrer des premiers éléments d’analyse sur l’information internationale, qui seront suivis d’une deuxième partie.

Au terme de dix jours d’observation des grands médias, posons d’emblée quelques constats préliminaires. Tout d’abord, une différence doit être effectuée entre ce qui relève de la couverture des événements ponctuant la guerre en cours, d’une part, et du journalisme politique, d’autre part, entendu ici comme le commentaire relatif aux « actualités » du champ politique. Concernant ce deuxième point, la campagne médiatique de diabolisation de La France insoumise1. Et, dans une moindre mesure, mais tout aussi virulente, contre le NPA. mérite un article à part, qui est en préparation2Mise à jour, 26/10 : l’article en question est en ligne.. C’est donc principalement à « l’information internationale » que nous nous intéresserons dans les deux premières parties de notre étude : la couverture des massacres perpétrés par le Hamas et de la réaction de l’État d’Israël – la mobilisation de l’armée israélienne, les bombardements et le siège de Gaza, les déclarations du gouvernement israélien et de l’armée, la menace d’une intervention terrestre, etc.3Et ce sans pouvoir non plus évoquer ici l’information dite « géopolitique » à proprement parler.

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D’Israël à Gaza (2) : la guerre plutôt que la paix

Par Acrimed. Mardi 31 octobre 2023

Les périodes de crise, qui plus est lorsqu’il s’agit de tensions internationales et de conflits militaires, sont rarement propices au pluralisme de l’information. Les grands médias ont alors inexorablement tendance à s’aligner sur la communication des gouvernants. Au cours des deux semaines étudiées après les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre, le récit médiatique dominant impose une lecture de la guerre à Gaza à la fois partielle, partiale et gangrénée par un double standard systémique selon que l’on s’intéresse aux réalités israéliennes ou palestiniennes. Une information biaisée et déséquilibrée, parfois propagandiste tant certains médias auront repris mot pour mot – sans jamais l’interroger ni a fortiori la critiquer – la communication belliqueuse des autorités civiles et militaires israéliennes. Une information au garde-à-vous, qui n’a été la plupart du temps que louanges pour le positionnement diplomatique du président français durant les quinze premiers jours.

Le suivisme à l’égard de la communication du gouvernement et de l’armée israéliens – y compris ses discours les plus guerriers, justifiant les crimes de guerre contre la population gazaouie – s’est donné à voir de manière spectaculaire dans de nombreux médias. Tandis que la réaction d’Israël fut très vite enclenchée – les bombardements sur Gaza ont débuté dès le 7 octobre et le siège complet de l’enclave a été déclaré le 9 –, rares ont été les journalistes, éditorialistes et autres « experts » (ès « géopolitique » ou « relations internationales ») à avoir envisagé ou discuté la possibilité d’un cessez-le-feu ou de négociations dans le cadre d’un processus de paix.

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Conflit israélo-palestinien : calomnies médiatiques contre LFI ou « La Formation infréquentable »

Par Mathias Reymond. Jeudi 26 octobre 2023

Depuis le 7 octobre, la couverture médiatique des événements en Israël et en Palestine est massive. Nous l’avons étudiée dans un premier article au prisme de « l’information internationale ». Mais en parallèle, le journalisme politique s’est largement focalisé sur des controverses politico-médiatiques. Les médias dominants, qui relaient complaisamment les campagnes menées par ceux qui dominent le champ politique, sont passés tel un rouleau-compresseur sur La France insoumise, contre laquelle tout semble désormais permis. Ses positions, « résumées », déformées, conspuées, lui ont valu une double condamnation, pour complicité de barbarie et antisémitisme nazi.

Dans les heures qui suivent les massacres du Hamas contre des civils israéliens, les premières réactions de Jean-Luc Mélenchon (ici) et des députés LFI () font l’objet d’attaques d’une partie du champ politique, que les éditorialistes reprennent à leur compte au point d’occuper la Une de « l’actualité ». En témoignent par exemple les premières questions posées à la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, lors de son passage dans l’émission « Questions Politiques » sur France Inter et France Info, le lendemain de l’attaque 4Nathalie Saint-Cricq : « Jean-Luc Mélenchon a été un des premiers, a réagi tout de suite, et les gens de La France insoumise aussi, en disant en gros : « Bon bah, ils l’ont bien cherché, Israël ! ». Est-ce que le Hamas, considéré comme mouvement terroriste, est mis sur le même pied qu’Israël ? » ; Carine Bécard : « Je voudrais juste rappeler ce qu’a dit Jean-Luc Mélenchon, voilà il dit : tout ça s’expliquerait par l’intensification de la politique d’occupation d’Israël. Vous êtes d’accord avec ça, ou pas ? ».. Les causes de la tempête médiatique ? Une condamnation pas assez marquée des crimes du Hamas, la volonté de les inscrire dans un contexte historique ou des réticences à qualifier l’organisation de « terroriste » : autant de fautes impardonnables – du moins si c’est l’occasion de dézinguer La France insoumise.

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Notes
  • 1
    . Et, dans une moindre mesure, mais tout aussi virulente, contre le NPA.
  • 2
  • 3
    Et ce sans pouvoir non plus évoquer ici l’information dite « géopolitique » à proprement parler.
  • 4
    Nathalie Saint-Cricq : « Jean-Luc Mélenchon a été un des premiers, a réagi tout de suite, et les gens de La France insoumise aussi, en disant en gros : « Bon bah, ils l’ont bien cherché, Israël ! ». Est-ce que le Hamas, considéré comme mouvement terroriste, est mis sur le même pied qu’Israël ? » ; Carine Bécard : « Je voudrais juste rappeler ce qu’a dit Jean-Luc Mélenchon, voilà il dit : tout ça s’expliquerait par l’intensification de la politique d’occupation d’Israël. Vous êtes d’accord avec ça, ou pas ? ».