Le processus pour désigner la ville hôte des Jeux Olympiques 2024 a atteint sa deuxième phase avec la remise vendredi dernier au Comité International Olympique du deuxième volet des dossiers de candidature aux JO-2024, consacré à la gouvernance, à la structure juridique et au financement. Quelques jours après, Rome jetait officiellement l’éponge devant l’ampleur colossale de l’engagement financier nécessaire pour l’organisation des JO. Aux États-Unis, la ville de Boston, candidat initial des États-Unis, avait également renoncé devant l’hostilité de sa population et a été remplacé par Los Angeles.
Si bien qu’aujourd’hui, il ne reste plus que trois villes en lice : Budapest, Los Angeles et Paris. Les deux dernières villes sont les favoris. Si bien que le danger de voir les Jeux Olympiques se dérouler en région parisienne en 2024 est réel.
Un danger immense
Il s’agit bien d’un danger immense. Il existe de multiples débats légitimes sur la compétition sportive en général, sa mise en valeur, son sens, sur le fait de percevoir ce genre d’événements comme des rencontres fraternels ou des odes aux nationalismes en rivalité. En revanche, plusieurs éléments ne peuvent souffrir de débat. Premièrement, la mise en scène de cette « fraternité » olympique est avant tout l’écrin du marketing publicitaire, de contrats d’exclusivité, de dopage et de lobbying. Ensuite, l’organisation des JO signifie (et une édition parisienne ne fera pas exception) le renforcement d’une législation liberticide et un aménagement territorial contradictoire avec les intérêts des classes populaires.
Fondamentalement, aujourd’hui, le « mouvement olympique » est le nom d’opérations d’aménagement du territoire au profit de la rentabilité capitaliste, comme l’a prouvé une nouvelle fois l’édition 2016 à Rio de Janeiro, un désastre social, économique et écologique.
Un budget colossal
En termes budgétaires, le projet initial est de 6 milliards d’euros… pour un événement unique de 15 jours ! Rappelons que le coût final des jeux au Brésil pourrait dépasser 30 milliards d’euros, trois fois plus que le budget initial (9,5 milliards d’euros) et que ceux de Londres ont couté, pour finir, 11 milliards d’euros, contre les 5 milliards annoncés. Outre ces chiffres, combien de drames sociaux causés dans les favelas de Rio ou dans les quartiers populaires de Londres ?
Dans ce budget de 6 milliards d’euros, environ la moitié est consacrée aux infrastructures. Le gouvernement français a d’ores et déjà promis un milliard d’euros (soit les 2/3 des fonds publics nécessaires) à la candidature de Paris-2024 en cas de victoire. Dans le même temps, la Ville de Paris, la région Ile-de-France et le département de Seine-Saint-Denis viennent de s’engager par un vote de leurs élus à financer les Jeux Olympiques si la France gagne. La gabegie est immense si l’on songe à la pénurie de recettes budgétaires organisée par l’exécutif national à coup de « pacte de responsabilité ».
Une opération privée
Pourtant, cela n’est que l’aspect émergé du désastre à venir avec les JO. En effet, selon les documents officiels, les fonds publics (1,5 milliard d’euros) ne devraient représenter qu’un peu moins de la moitié du budget des JO de Paris. 50,5 % des sources de financement de la candidature de Paris seront privées, soit 1,52 milliard d’euros. 85% de ces 1,52 milliard, soit 1,3 milliard, seront consacrés à la construction du « Village Olympique » qui se situera probablement dans le département de la Seine-Saint-Denis vers la ville de Saint-Denis (et dans tous les cas dans la petite couronne parisienne). Ledit village a vocation à devenir ensuite un complexe de logements (comme à chaque JO).
Peut-on sérieusement croire que les grands groupes de BTP mettraient 1,3 milliard d’euros sur la table au service de la population et des « idéaux du sport » ? Les conséquences désastreuses en termes de relégation sociale et de pression immobilière sont évidentes dans un espace déjà saturé de ces problématiques. Quelles que soient les compensations obtenues en termes d’image ou d’équipements.
Une bataille de conviction et d’explication doit être menée sur les répercussions concrètes désastreuses de l’organisation des JO telles qu’elles se trament pour la population derrière l’écran de fumée de l’olympisme officiel, idéalement avec des opposants des autres villes candidates.
Suren