Les JO de Paris 2024 sont présentés comme un extraordinaire succès. Nos camarades Bruno et Sylvie rappellent quelques évidences sur les critiques de l’olympisme et du sport de compétition sans nier les aspects nouveaux apportés par ces jeux. Ils s’interrogent aussi sur les retombées au sein de la société.
JO Paris 2024 : un succès fou… Seulement ?
Par Bruno Della Sudda et Sylvie Larue. Le 16 septembre 2024.
La contestation et la critique radicale des JO sont anciennes
Tout au long du siècle passé, ont été pointés notamment des éléments tels que la démystification de « l’olympisme » aux vertus largement imaginaires ; le dévoilement des accointances très anciennes du CIO avec l’extrême-droite dès l’origine, le racisme et le sexisme ; la mise des JO sous la coupe du capitalisme, des grandes firmes, de la consommation et de la commercialisation depuis les Jeux de Los Angeles (1924) ; la récupération des Jeux de Berlin (1936) par le régime nazi ; la répression organisée durant les Jeux de Moscou (1980) ; le tournant de la professionnalisation des Jeux de Barcelone (1992) ; les montants énormes des dépenses requises et un gaspillage effréné… Sans compter tous les phénomènes de corruption et d’endettement, mais aussi de multiplication des « éléphants blancs », ces équipements sportifs ruineux et laissés ensuite à l’abandon, caractéristiques majeures des Jeux d’Athènes (2004).
Cette contestation et cette critique radicale s’étaient de nouveau exprimées avant les JO de Paris, alimentées par la chasse aux pauvres à proximité des sites et ailleurs, la très forte pression sur le logement, la disparition des jardins ouvriers en banlieue, le scandale du traitement du travail dissimulé des bénévoles, la surveillance policière omniprésente…
Cette contestation et cette critique radicale ont élargi leur thématique
Cette contestation et cette critique radicale ont élargi leur thématique à l’occasion des JO d’Hiver depuis plusieurs éditions des Jeux et dans la perspective de l’édition de 2030, programmée en France dans les régions AURA et SUD-PACA. Celle-ci combine la cible des coûts exorbitants, les projets d’équipements plus que discutables et problématiques en termes d’aménagement du territoire, l’aberration écologique globale… Sans compter l’absence totale de démocratie puisque les populations des territoires concernés n’ont jamais été consultées.
Les paramètres démocratiques et écologiques ont pris une place nouvelle ces dernières années, ce qui est, sur le fond politique, un signe des temps et des aspirations liées à ces paramètres. À tel point que pour les prochains JO d’Hiver, plusieurs villes ont finalement renoncé à déposer leur candidature…
Des nouveautés à l’occasion de ces JO
Mais la nouveauté est aussi ailleurs et sur un tout autre plan, celui du contenu de ces Jeux, de l’organisation des compétitions à l’affirmation à un point inconnu du paralympisme en passant par la cérémonie d’ouverture.
La parité hommes-femmes et la reconnaissance à ce point du handicap témoignent des effets sur toute la société de la révolution féministe mondiale comme de l’exigence du respect de la prise en compte du handicap et des « minorité » en général. L’avancée démocratique est historique. Ajoutons à cela une certaine prise en compte des enjeux écologiques : utilisation de sites déjà existants, réutilisation d’équipements comme le bassin des épreuves de natation qui sera installé à Sevran…
Quant à la cérémonie d’ouverture, son contenu a mis en relief un récit progressiste, l’intégration des différences à la richesse culturelle commune, au brassage et au métissage, sur fond de refus des discriminations et du racisme, en valorisant le respect et l’égalité. Du reste, la droite et l’extrême-droite ne s’y sont pas trompées en refusant de se joindre aux réjouissances exprimées largement sur la réussite de ces Jeux.
Des aspects contradictoires
Ce sont précisément ces données nouvelles qui donnent un éclairage particulier à la popularité des Jeux de Paris 2024 et à leur impact positif dans une partie importante de la population, notamment dans les milieux populaires.
Ces données se mêlent certes à l’ambiguïté ancienne et classique des Jeux et de la dimension patriotique – et non pas nationaliste – avec la course ridicule aux médailles bien connue. Mais on aurait tort de réduire la ferveur populaire à cette dimension patriotique.
À noter aussi la dimension politique particulière de ces jeux. Ce fut le cas à travers le sort justement réservé aux athlètes russes interdits de participer avec les couleurs de leur pays, la pénalisation des athlètes d’Ukraine ou plus encore de Palestine empêché·es de concourir dans des conditions acceptables ou décédé·es pour cause de guerre et de génocide en cours.
Deux poids deux mesures quand on compare cette pénalisation avec l’oubli des sanctions contre l’État d’Israël dont il aurait été juste d’exiger l’exclusion des JO en tant que responsable d’un génocide.
Que restera-t-il des JO de Paris 2024 ?
Que restera-t-il des JO de Paris 2024 ? On peut déjà s’interroger sur leurs prolongements dans la société. À commencer par la pratique du sport dans de bonnes conditions y compris à l’École et dans les clubs sportifs dont les plus modestes sont en difficulté. Mais aussi sur les politiques publiques réellement mises en place suite à la parité et la reconnaissance au handicap. Tant pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles que pour la prise en charge du handicap. Ce, à commencer par l’École, l’accès au métro et d’autres transports, et à de nombreux lieux publics.
Les politiques d’austérité destructrices annoncées par le pouvoir risquent fort de réduire à néant les promesses généreuses, explicites ou subliminales, des Jeux de Paris 2024.
Enfin, il manque encore et toujours une réflexion de fond sur la conception du sport de compétition, le professionnalisme et une autre conception des JO…
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