Le ralentissement de la courbe du chômage ne vaut pas inversion. Ce n’est pas la situation de l’emploi en ce début d’année qui permettra à l’engagement présidentiel d’être tenu.
Qu’on en juge :
Goodyear, 1173 emplois liquidés
La Redoute, 1178 suppressions
Mory-Ducros, 1900 salariés conservés sur 5000 actuellement
BASF (Haut-Rhin), 140 suppressions sur 250 emplois.
Quel que soit les prétextes patronaux (secteurs en difficulté ou autres), ce sont les salarié-es qui payent la crise, ce sont eux qui voient leur avenir et celui de leurs proches se boucher, le chômage de longue durée, la précarité devenir leur horizon imposé.
Dans tous les cas, c’est brutal et massif.
La violence patronale, c’est une réalité et elle se voit dans les réactions des ouvrier-es dont la vie bascule.
Avec Goodyear, c’est un bras de fer de plusieurs années qui se conclut par la fermeture de l’entreprise sans espoir, à ce jour, d’une quelconque reprise du site, totale ou partielle. Le PDG américain de Titan, un temps susceptible de reprendre une partie de l’activité, n’a cessé d’insulter les salariés, les traitant de voyous et de terroristes. Actuellement, la direction de Goodyear veut faire payer aux salariés leur résistance et la retenue récente de deux cadres pendant une trentaine d’heures en déposant plainte pour séquestration. Elle n’a fait aucun pas pour participer aux négociations afin d’améliorer le plan de départ volontaires que la CGT s’est résolue à accepter : 70 à 180 000 euros d’indemnités de départ, 1500 euros par année d’ancienneté et des congés de reclassement de 24 mois.
La Redoute et Mory-Ducros ont en commun le fait de voir la reprise de l’entreprise se faire de l’intérieur : par deux cadres pour La Redoute, par l’actionnaire principal pour Mory-Ducros.
Mais avec un prix terrible pour les salariéEs : l’ampleur des suppressions de postes. Près de 1200 emplois liquidés à La Redoute sur 3437 aujourd’hui et plus de 3000 chez Mory-Ducros, auxquels il faudrait rajouter 2000 emplois dans la sous-traitance.
Mory-Ducros est le plus important dépôt de bilan depuis Moulinex en 2001. Les conditions de reprise par Arcole Industries, le principal actionnaire, sont un véritable chantage : elle est conditionnée à l’absence de tout mouvement social jusqu’à la décision finale du tribunal de commerce de Pontoise le 31 janvier. Ce qui veut dire pour 3000 salariés : vous êtes viré et fermez-la.
Quant à La Redoute, la famille Pinault, propriétaire à travers le groupe Kéring, grande fortune s’il en est, a choisi non pas de redresser l’entreprise mais d’aller faire des bénéfices ailleurs. Elle a seulement concédé 315 millions pour acompagner les licenciements.
Que fait le gouvernement ? Après avoir accru le recours à la flexibilité et restreint les droits des organisations syndicales dans la loi transposant l’ANI, après avoir rendu vide de tout contenu la loi dite « Florange » promise par Hollande pendant la campagne pésidentielle, il colle des rustines : accompagnement « social » des licencié-es avec le contrat de vie professionnelle et salaire maintenu pendant un an, congés de reclassement, prêt de 17 millions pour le reprise de Mory-Ducros.
Il n’y a pas de riposte globale au niveau syndical contre ces plans de licenciement en cascade, qui serait susceptible d’améliorer le rapport de force face à un patronat dont le principal dirigeant se vante de créer 1 million d’emplois, alors que dans le même temps, des milliers de postes sont supprimés, sans état d’âme.
La lutte continue bien sûr et il faut la soutenir.
Rien ne dit que les choses vont se faire sans réaction des salarié-es.
Le 11 janvier, une centaine de salarié-es de La Redoute ont débrayé sur le site de La Martinière à Watrelos, dans le Nord.
Depuis le début de la semaine, les futurs licenciés du groupe chimique BASF bloquent les accès de leur usine pour obtenir des congés de reclassement payés à 100% pendant 36 mois.
Les mobilisations doivent continuer pour l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices et/ou versent des dividendes à leurs actionnaires, pour de nouveaux droit en faveur des salarié-es leur permettant de s’opposer aux diktats patronaux, pour rendre possible la reprise d’une entreprise par ceux et celles qui y travaillent comme c’est le cas depuis trois ans à Fralib.
Au « pacte de responsabilité » de F. Hollande, opposons un engagement en  faveur de la lutte collective pour la défense de l’emploi existant, la création de nouveaux emplois par la réduction du temps de travail.
Michel Gautier