La Ligue des droits de l’Homme appelle au combat pour les libertés et la démocratie
Darmanin dans son audition à l’assemblée a répondu à la demande d’un sénateur LR François Bonhomme (Tarn-et-Garonne ) : « Il faut cesser de financer les associations qui mettent en cause gravement l’État ». Ce réactionnaire a également estimé que le président de la République devait « se mordre les doigts » d’avoir nommé Claire Hédon au poste de Défenseur des droits.
Le menteur de l’intérieur avait déjà évoqué la LDH « drôle d’observateur » qui avait « contesté l’arrêté de transport d’armes » de la préfète. « Avouez que c’est pas très pacifique », ajoutait-il , accusant la LDH d’avoir « appelé à manifester malgré l’interdiction ».
Sa réponse sur le financement « Je ne connais pas la subvention donnée par l’État, mais ça mérite d’être regardé », contient une menace de la suspendre à peine déguisée. Mais il ajoute : « les collectivités territoriales aussi financent » ce qui est un appel, tout juste voilé, à suspendre ces financements. C’est ce qu’ont déjà fait des élus locaux de droite et d’extrême droite. C’est aussi ce qu’a déjà fait un préfet sous l’autorité de Darmanin pour supprimer des subventions municipales sous prétexte d’activités ne respectant pas le « contrat républicain ». Cette atteinte aux libertés associatives est permise par une disposition de la loi dite « séparatisme » qu’on nous disait réservée à la lutte contre l’islamisme radical. La LDH comme beaucoup d’autres associations avait dénoncé cette loi liberticide contre l’avis d’une partie de la gauche islamophobe.
Le discours de Darmanin, comme celui de Bonhomme ou de Pradier ce 11 avril, se situe dans la lignée des idéologies d’extrême droite. La Déclaration des droits – partie intégrante de la constitution – ne doit pas faire obstacle à l’efficacité gouvernementale. La raison d’État doit l’emporter sur les droits fondamentaux. C’est la ligne suivie par tous les acteurs des lois sécuritaires qui se sont succédées depuis une décennie.
Comme le dit son communiqué, la LDH « n’a eu de cesse de se mobiliser pour soutenir les projets de liberté, d’égalité et de fraternité en défense permanente de l’État de droit. ». C’est pourquoi elle n’a cessé de soutenir les luttes contre les atteintes à ces droits fondamentaux et les victimes de cette zone de non-droit que sont des appareils d’État obnubilés par la raison d’État ou la raison du plus fort.
Le communiqué évoque quelques grands combats de la LDH pour la liberté, combats que Darmanin et ses amis de l’Action Française ont voulu oublier.
Je veux en évoquer d’autres qui sont particulièrement désagréables aux oreilles de la droite : celui pour Jules Durand, ce « Dreyfus ouvrier », condamné à mort par une conspiration judiciaire de la CGT ( Compagnie Générale Transatlantique) et de la bourgeoisie du Havre qui voulaient se débarrasser du syndicalisme. Durand a été innocenté, mais il a fini ses jours à l’asile.
Il a fallu un long combat pour faire réhabiliter les fusillés pour l’exemple qu’une justice expéditive avait envoyé au poteau. Là encore, il a fallu se battre contre les assassins galonnés qui évoquaient le moral des troupes pour justifier leurs méfaits (voir l’ouvrage du général André Bail sur la justice militaire).
Ces dernières années, la LDH s’est battue contre les mesures d’exception des lois sécuritaires et a défendu les victimes de l’arbitraire administratif, policier et préfectoral. C’est ce que la droite appelle « dérive de la LDH » et « collusion avec l’islamo-gauchisme ».
Dans les manifestations, des sections de la LDH ont créé des observatoires pour exercer un contrôle citoyen sur le maintien de l’ordre et défendre « les raflé·es pour l’exemple », les blessé·es et celles et ceux qui sont poursuivis sans les garanties de droit.
La défense de ces libertés publiques – dont bien sûr celle de manifester – sont parties intégrantes de la démocratie. C’est pourquoi, dans la brochure « Démocratie », nous avons fait de l’abrogation des lois sécuritaires un objectif essentiel. Il ne peut y avoir de démocratie quand les citoyens sont soumis à l’arbitraire des appareils répressifs d’État.
Pourquoi défendre aujourd’hui la LDH contre les menaces de Darmanin ?
Ces menaces ne sont pas un simple coup de menton médiatique. Il ne s’agit pas d’un simple discours qui ignore l’État de droit. Ces déclarations font partie d’une offensive idéologique qui se radicalise à droite. Elles pourraient être suivies d’effets comme la suppression des subventions par des autocrates locaux qui se croient autorisé·es à le faire par la caution ministérielle.
« Ces menaces ne visent pas la seule LDH. Elles sont le symptôme du projet historique de la réaction contre « Les Lumières », de l’autoritarisme contre les libertés. Il y a urgence à lui opposer un refus ferme et large.
La LDH sonne l’alarme et appelle celles et ceux qui ont à cœur de défendre notre modèle démocratique, celles et ceux qui, au sein des institutions de la République, disposent des moyens de s’opposer à ce projet délétère, à s’engager à ses côtés avec détermination.
Voici son communiqué : « La LDH (Ligue des droits de l’Homme) appelle au combat pour les libertés et la démocratie »
Soutenir la LDH, dans ce combat essentiel, devrait être une priorité d’un vaste front contre les libéraux autoritaires, mais aussi de la lutte contre le fascisme qui vient.
Nous vous invitons à signer et faire signer la pétition ci-dessous, lancée par le président des la LDH :
« Les attaques dont la LDH fait l’objet n’entameront en rien notre détermination »
Étienne Adam
11 avril 2023