Amnesty international a publié, le 27 mars 2023, son rapport sur les droits humains dans le monde. Ce document présente la situation des droits humains telle qu’elle était en 2022 dans 156 pays, et appelle à l’action.
La présentation du rapport est sans appel : « Des conflits ont éclaté, ont repris ou se sont prolongés en 2022, entraînant de terribles tragédies dont certaines constituaient des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre. Dans le monde entier, les autorités ont continué de réprimer lourdement les libertés universelles. Des crises économiques ont provoqué une montée en flèche des prix des denrées alimentaires et du carburant, et ont renforcé la pression sur les services de santé et les autres types de services sociaux. Ce sont les personnes les plus marginalisées qui ont été le plus durement touchées, et les inégalités se sont creusées. Des femmes, des filles et des personnes LGBTI ont subi des violences fondées sur le genre et des discriminations. »
La préface, signée par Agnès Callamard – Secrétaire générale d’Amnesty International – entre un peu plus dans le détail et insiste, entre autres, sur des situations qui recoupent nos préoccupations régulières.
J’en citerai deux : l’Ukraine et la Palestine.
« En février 2022, la Russie a envahi l’Ukraine dans un déferlement de violence militaire, qui s’est abattu sur une population et un pays en paix. En quelques mois, des infrastructures civiles ont été détruites, des milliers de personnes ont été tuées et bien d’autres encore ont été blessées. L’intervention de la Russie a précipité une crise énergétique à l’échelle de la planète et a contribué à l’affaiblissement des systèmes de production et de distribution des denrées alimentaires, entraînant une crise alimentaire mondiale qui continue de toucher de manière disproportionnée les pays pauvres et les personnes racisées. »
« L’année 2022 a également été la plus meurtrière de la dernière décennie pour les Palestinien·ne·s de Cisjordanie. Au moins 151 personnes, dont plusieurs dizaines d’enfants, ont été tuées par les forces israéliennes, la plupart dans le cadre de raids militaires et d’opérations d’arrestations qui se sont multipliés. »
Mais la liste des tragédies rapportées par Amnesty n’en reste pas là et est terrible. Ainsi, ce qu’écrit Agnès Callamard sur la corne de l’Afrique :
« La guerre a continué de faire rage en Éthiopie. Considérée comme l’un des conflits les plus meurtriers de l’histoire récente, elle aurait fait, selon certaines estimations, plusieurs centaines de milliers de morts, dont beaucoup auraient été tués à l’abri des regards, dans le cadre d’une campagne de nettoyage ethnique discrètement menée contre les Tigréen·ne·s au Tigré occidental. »
Elle dénonce également les conséquences de la crise climatique :
« Le coût catastrophique de la crise climatique hors de contrôle est apparu dans toute son ampleur en 2022. Les inondations, les épisodes de sécheresse, les vagues de chaleur et les incendies ont fait de nombreuses victimes, privé d’innombrables êtres humains de logement et de moyens de subsistance et accru l’insécurité alimentaire. »
La conclusion de la Secrétaire générale d’Amnesty n’incite pas à l’optimisme :
« Il n’y a (…) pas eu de changement de cap sur le front des droits humains. La chute s’est malheureusement poursuivie, sans le moindre signe de ralentissement. L’agression russe a contribué à déstabiliser encore davantage un système multilatéral déjà affaibli par des décennies de mépris du droit international de la part de grandes puissances agissant en toute impunité. La guerre a détourné non seulement des ressources, mais également l’attention, de la crise climatique, d’autres conflits plus anciens et de bien des souffrances humaines partout dans le monde. »
Mais, ce qu’il faut retenir, c’est sa critique du principe des « deux poids deux mesures » qui caractérise les choix effectués par les puissances occidentales dès lors que leurs intérêts sont en jeu !
Elle le dit sans ambages :
« La pandémie de COVID-19, puis la guerre en Ukraine, ont plus que jamais accentué le principe du « deux poids, deux mesures ». Les pays riches ont accumulé des stocks de vaccins anti-COVID-19 et affaibli les systèmes multilatéraux de redistribution, contribuant ainsi à aggraver les inégalités. La situation n’a manifestement guère changé en 2022. Les pays riches n’ont rien fait pour atténuer le poids écrasant de la dette qui pesait sur les pays en développement.
L’agression de la Russie contre l’Ukraine est également une guerre contre les valeurs universelles et les mécanismes multilatéraux destinés à les faire respecter. S’il veut gagner cette guerre, le monde occidental ne peut pas dans le même temps tolérer des actes d’agression similaires dans d’autres pays uniquement parce que ses intérêts sont en jeu. »
Un rapport à lire impérativement, téléchargeable en cliquant sur le lien ci-dessous
Amnesty International – Rapport 2022/23 : La situation des droits humains dans le monde
Jean-Marie Fouquer
7 avril 2023
Pour compléter, vous pouvez consulter sur notre site :