Le 3 juin 2014, neuf organisations syndicales et associations de retraité-e-s (CGT, CFTC, CGC, FO, FSU, Solidaires, FGR-FP, LSR-Loisir-Solidarité-Retraite, UNRPA-Union Nationale des Retraitées et des Personnes Agées) avaient organisé une très forte manifestation nationale de 20 000 personnes à Paris et des rassemblements dans les départements pour protester contre la politique menée par le gouvernement. Le gouvernement n’a cédé que sur la prise en compte partielle des discussions engagées fin 2013 sur l’adaptation de la société au vieillissement, en déposant un projet de loi au Parlement, bien insuffisant.
Le 30 septembre, les mêmes organisations appellent à des rassemblements et des manifestations dans tous les départements, parfois avec l’UNSA. Cette unité importante et la présence de LSR et UNRPA qui n’ont pas l’habitude de manifester montre l’ampleur de la révolte des retraité-es dont le pouvoir d’achat baisse, beaucoup pour celles et ceux qui cumulent les mesures d’austérité :
– blocage de la pension jusqu’en octobre 2015, non revalorisée depuis le 1er avril 2013, pendant deux ans et demi. Sous la pression, le gouvernement tiendra-t-il sa promesse d’un geste pour les plus petites pensions ?
– Fiscalisation du supplément de 10 % de la pension pour les personnes ayant élevé au moins 3 enfants.
– Création de la CASA (contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie de 0,3 %) pour les retraités imposables, soi-disant pour payer l’aide à l’autonomie, mais qui a servi à autre chose jusque là.
– Disparition totale en 2014 de la demi-part fiscale attribuée aux veuves et veufs ayant élevé 2 enfants.
– Ces mesures vont rendre imposables des retraité-es qui va, de plus, entraîner d’autres impôts : locaux, TV, CSG réduite de 3,8 % ou entière 6,6 %…
Toutes ces mesures s’ajoutent à celles subies par l’ensemble de la population :
– augmentation de la TVA, des 19,6 à 20 %, alors que santé, logement, énergies, alimentation… augmentent fortement,
–  « économies » pour payer le cadeau du pacte d’irresponsabilité au patronat : 10 milliards pris sur l’assurance maladie, 18 milliards sur le fonctionnement de l’Etat et 11 milliards aux collectivités locales et à leurs services publics, services sociaux, services de proximité et d’aide à la personne.
Face au mécontentement, le gouvernement a annoncé 2 mesures pour désamorcer la mobilisation, l’augmentation du minimum vieillesse et une prime de 40 € pour les pensionnés ne touchant pas 1 200 €. Cela est ressenti comme une aumône :
– le minimum vieillesse (Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées) augmente de 8 € en passant de 791,99 à 800 €. Ce n’est pas négligeable pour les personnes concernées, mais elles ne sortent pas de la détresse en restant sous le seuil de pauvreté de 993 €. Un réel effort de solidarité reste nécessaire pour cette population de 421 614 allocataires, très réduite car il faut faire le choix d’abandonner toute la maigre épargne de toute une vie, puisque les sommes versées sont reprises au moment du décès sur succession supérieure à 39 000 €.
– la prime de 40 € constitue aussi une maigre aide financière, mais très momentanée ; elle est perdue l’année suivante et n’enraye pas le décrochage des pensions, non revalorisées depuis avril 2013, sur l’inflation.
Toutes ces mesures amplifient la perte de pouvoir d’achat des pensions ayant subi les différentes « contre-réformes » des retraites : allongement des durées de cotisation pour bénéficier d’une retraite au taux plein, décote, calcul de la retraite sur les 25 meilleures années au lieu des 10 pour le régime général, indexation des retraites sur les prix et non plus sur les salaires…
La pauvreté progresse, les queues devant les impôts s’allongent pour négocier un étalement des paiements…
Les retraité-es doivent s’imposer avec encore plus de forces pour que cesse cette austérité que le gouvernement veut augmenter car ses mesures d’économies 2014 n’ont pas rapporté les 21 milliards d’économies prévues pour compenser en partie le pacte « d’irresponsabilité ».
De l’argent pour les pensions, il y en a !
Le gouvernement actuel poursuit la politique des précédents, de partage de plus en plus inégalitaire des richesses. Ce sont maintenant 220 milliards d’euros d’aides publiques qui ont été donnés aux entreprises, sans contrôles, sans contreparties, sans évaluation. Il continue le laxisme à l’égard de la grande fraude, permet que les multinationales du CAC 40 de ne payer pratiquement aucun impôt sur les sociétés, à la différence des PME.
Le gouvernement doit changer la politique qui subventionne de plus en plus les entreprises, depuis des dizaines d’années, ce qui augmente les dividendes aux actionnaires et ne sert ni à l’investissement, ni à l’emploi. Les aides et le chômage suivent les mêmes courbes !
La baisse continuelle du pouvoir d’achat des retraités n’est pas la bonne réponse à l’amélioration de la situation financière des régimes de retraites. L’austérité n’est pas la bonne réponse pour inciter à acheter, relancer l’économie et réduire le chômage.
Les neuf organisations de retraité-es appellent à manifester :
·   contre le gel des pensions et retraites. Pour l’amélioration du pouvoir d’achat de tous les retraités, pour un rattrapage immédiat des pertes accumulées et le retour à la revalorisation annuelle de toutes les pensions au 1er janvier.
·   Pour une loi progressiste sur l’adaptation de la société au vieillissement, financée dans le cadre de la solidarité nationale et intergénérationnelle ne laissant pas de reste à charge aux personnes en perte d’autonomie et à leurs familles.
·   Pour le développement de services publics de qualité et de proximité indispensables à l’ensemble des citoyens (santé, transport, culture…)
·   L’abrogation des mesures régressives, notamment la suppression de la ½ part fiscale et la fiscalisation des 10 %.
Mardi 30 septembre, les retraité-es seront dans la rue, dans chaque département.
En Île-de-France, à 14h 30, le cortège unitaire partira de la préfecture de Région (5 rue Leblanc, Paris XVe), passera par France Télévision et se rendra devant le local du Medef.
Patrice Perret