Les évènements du 7 octobre 2023 ont renforcé des tendances existantes en Israël. La banalisation des crimes contre l’humanité, l’ethnicisation du pays et la militarisation de la société n’ont jamais été aussi fortes. Des dirigeants veulent faire d’Israël une « Sparte juive », en croisade perpétuelle contre les territoires voisins.

L’avenir d’Israël selon l’extrême droite
Comment le 7 octobre a transformé la société israélienne

Par Nimrod Flaschenberg et Alma Itzhaky1Nimrod Flaschenberg est un ancien membre du personnel de la Knesset et un militant de Hadash. Il est l’un des cofondateurs du groupe Israelis for Peace, basé à Berlin. Alma Itzhaky est une artiste et une universitaire israélienne. Elle est l’une des cofondatrices du groupe Israelis for Peace, basé à Berlin.. Publié le 16 décembre 2024 par LVSL. Traduit par Piera Simon-Chaix. Publié initialement le 7 octobre 2024 par Jacobin sous le titre « How October 7 Transformed Israeli Society ».

Depuis l’attaque du 7 octobre, les Israéliens vivent avec une douleur lancinante. La perte de 1200 concitoyens continue de hanter bon nombre d’entre eux. Une minorité déplore également ce que leur pays inflige à Gaza – mais aussi à la Cisjordanie et au Liban – et ce que leur société est devenue.

La catastrophe subie par les Gazaouis est sans commune mesure avec les épisodes antérieurs des affrontements israélo-palestiniens. Et malgré ce que la presse suggère régulièrement, cette catastrophe est faite de main d’homme. Comme tous les crimes de guerre, l’anéantissement de Gaza a ses responsables, ses complices et ses soutiens passifs. Elle n’aurait pas été possible sans une transformation de l’opinion du pays, qui n’a pas débuté au 7 octobre.

Le glissement progressif d’Israël vers l’extrême droite s’est produit au cours de ces vingt dernières années, sinon plus. Il plonge ses racines dans une source idéologique plus lointaine : expansionnisme juif et nettoyage ethnique ne sont pas absents d’un certain sionisme des origines. S’ils ont toujours été contestés au sein de la société israélienne, le 7 octobre a marqué une consolidation historique de l’opinion belliciste et suprémaciste.

Le fragile vernis libéral et démocratique qui préservait un semblant de normalité – du moins pour les Israéliens juifs – s’est fissuré. Comme si le 7 octobre avait mis en lumière des tendances sous-jacentes de l’État d’Israël, notamment sa dépendance à l’égard des forces armées et son caractère ethnique.

Traumatisme dans la conscience collective

Le 7 octobre, qui a immédiatement été dépeint comme l’événement le plus sombre de l’histoire juive depuis la Shoah, a généralisé un sentiment d’insécurité et une vision pessimiste de l’avenir. Il a aussi catalysé une hargne vengeresse contre les Palestiniens. Ce traumatisme ne s’arrête pas au 7 octobre : la guerre en cours a aussi eu de multiples conséquences dévastatrices sur la société israélienne.

L’espace physique en tant que tel s’est drastiquement réduit. Les premiers jours, les autorités israéliennes ont ordonné à environ 300 000 citoyens qui habitaient au sein des frontières internationalement reconnues de quitter leurs maisons.

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Notes
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    Nimrod Flaschenberg est un ancien membre du personnel de la Knesset et un militant de Hadash. Il est l’un des cofondateurs du groupe Israelis for Peace, basé à Berlin. Alma Itzhaky est une artiste et une universitaire israélienne. Elle est l’une des cofondatrices du groupe Israelis for Peace, basé à Berlin.