Une tribune – signée par des collectifs (dont ENSEMBLE!), des personnalités, des universitaires et des élu·es solidaires du peuple kanak – vient d’être publiée. Tous·tes y réclament la libération immédiate des militant·es arrêté·es. Iels affirment que « l’État français est directement responsable de la situation actuelle en Kanaky / Nouvelle-Calédonie ».
Kanaky / Nouvelle-Calédonie : pour la libération des prisonniers et prisonnières de la CCAT et de tous·tes les emprisonné∙es !
Par un ensemble de collectifs, de personnalités, d’universitaires et d’élu·es. Publié le 9 août 2024 dans le Club de Mediapart et dans l’Humanité.
L’État français est directement responsable de la situation actuelle en Kanaky / Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui les droits et libertés du peuple Kanak sont à un tournant historique.
La Kanaky / Nouvelle-Calédonie n’est pas un territoire français
Colonisé en 1853 par la France, l’archipel de Kanaky / Nouvelle-Calédonie est, depuis fin 1986, réinscrit sur la liste des territoires à décoloniser établie par l’ONU. C’est un « territoire non-autonome », selon l’article 73 de la Charte des Nations Unies. Son peuple dispose du droit à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux résolutions 1514 et 1541 de décembre 1960.
L’ONU reconnaît le droit à l’autodétermination « interne » au peuple Kanak de Nouvelle-Calédonie, en tant que population autochtone bénéficiant d’une protection juridique particulière. En application de la résolution 2625 de l’Assemblée générale de l’ONU, la Nouvelle-Calédonie dispose d’un « statut séparé et distinct » par rapport à la France. Le territoire relève du droit international et est « sous responsabilité française ». La France n’est que puissance administrante et doit rendre des comptes à l’ONU jusqu’à l’aboutissement du processus de décolonisation.
Le processus de décolonisation s’est traduit par différents accords suite à la période sanglante des années 80, dont le dernier, l’accord de Nouméa, dans lequel le FLNKS (Front de Libération National Kanak et Socialiste) est une des parties, doit mener au bout de trois référendums à l’autodétermination et à l’indépendance.
Un référendum volé
De fait, contre les attentes du gouvernement et des anti-indépendantistes, lors du deuxième référendum en 2020, l’indépendance ne s’est jouée qu’à 9000 voix. L’État français a pris peur et a imposé le troisième référendum du 12 décembre 2021 en pleine pandémie de Covid, et cela malgré la demande unanime de report de l’ensemble des courants indépendantistes. Ils ont donc appelé à la non-participation, très largement suivie. Le peuple Kanak ne s’est donc pas exprimé « dans le respect de sa volonté libre et authentique ».
Loi sur le dégel du corps électoral : la goutte d’eau de trop
L’État français a fait reporter les élections provinciales avec une première loi organique, pour pouvoir imposer le dégel du corps électoral et faire entrer près de 25000 nouveaux électeurs, principalement métropolitains.
Le passage en force de cette loi a fait monter les tensions dans le pays. Malgré les alertes, les parlementaires sont responsables de l’actuel embrasement de la Kanaky / Nouvelle-Calédonie après avoir décidé, à près de 20 000 km, de l’avenir de tout un peuple.
Le même jour, Nouméa et sa périphérie se sont embrasées, suite à des tirs de flash-ball par des policiers sur des jeunes Kanak qui portaient des drapeaux.
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