Ce qu’il y a de terrible, c’est que les grandes entreprises qui sont derrière les grands projets inutiles et imposés sont toujours les mêmes. C’est encore Vinci qui ici se propose de construire un incinérateur d’une capacité excessive à Échillais dans le pays rochefortais. Pour essayer de rendre vertueux un projet qui ne l’est pas, on lui adjoint une serre à tomates sans odeur ni saveur (mais à la dioxine !) destinée à faire avaler la pilule à une population qui n’est plus dupe.
Ce qu’il y a de terrible, c’est que les élus, aux manettes dans cette affaire, continuent à mettre en œuvre les mêmes erreurs issues des mêmes logiques productivistes et « industrieuses » dont ils ont du mal à se départir. Ainsi un incinérateur plus gros que les précédents serait la solution à la problématique déchets. Plus personne ne croit dans ces solutions, mais ce n’est pas important si Vinci peut gagner de l’argent. Le projet prévoit la destruction des deux incinérateurs actuels (Oléron construit en 1975, Échillais construit en 1990, mais rénové en 2005) et leur remplacement par ce nouvel équipement capable de brûler 75 000 tonnes de déchets par an pour une population de 200 000 habitants !
Ce qu’il y a de terrible c’est que l’État, représenté localement par une préfète, militante de l’UMP et ardente zélatrice du projet Vinci, ne bouge pas. Quant à la ministre, Ségolène Royal, qui connaît bien ce dossier et qui pourrait porter d’une voix forte les valeurs écologiques, elle déclare « Je ne suis pas favorable aux incinérateurs, je considère qu’il y a d’autres solutions (…) si j’étais élue de ce territoire, jamais je ne ferais d’incinérateur. » Pour conclure immédiatement derrière que l’« on est dans une démocratie (…) les citoyens choisissent leurs élus, les élus prennent des décisions, moi mon rôle de ministre est de leur dire qu’il y a d’autres solutions. »
Ce qu’il y a de magnifique, et là encore pas de surprise, c’est que les citoyens et leurs associations s’organisent pour s’opposer à ce projet comme dans des dizaines d’autres, inutiles et imposés. Ils ont diagnostiqué les mêmes problèmes : expertises bidon, logique libérale et productiviste, projets destructeurs de l’environnement, démocratie confisquée par des élus autistes, citoyens méprisés, etc. En une année d’existence, « Pays rochefortais Alert’ » association qui regroupe les opposants au projet, rassemble plus d’un millier d’adhérents, mobilise la population, organise des réunions publiques d’information, collecte 30 000 euros pour agir en justice et développer une expertise alternative, etc.
Ainsi, ici comme ailleurs, naît une nouvelle ZAD (Zone A Défendre), s’opposant à une certaine vision du « progrès ». « On est là pour lutter contre ce projet, mais aussi pour instaurer un nouveau mode de société en accord avec la nature et où l’on tient compte de l’opinion des gens » revendiquent deux zadistes. Roland Lopez, conseiller municipal d’une liste d’opposition citoyenne à Échillais, unique élu du syndicat intercommunal hostile au projet Vinci, propose l’alternative « être dans une démarche de réduction des déchets, faire comme beaucoup de villes et de régions autour de nous qui ont mis en place des politiques de tri ambitieuses et ont eu des résultats extraordinaires ».
Pour « Ensemble ! Mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire », membre du Front de gauche, il faut revenir à des logiques raisonnables, véritablement vertueuses et écologistes, tournant résolument le dos aux logiques productivistes qui n’ont que pour seul objectif d’enrichir les même grands groupes. Les citoyens sont bien souvent plus porteurs de ces nouveaux paradigmes que les quelques potentats locaux qui ont confisqué toute démarche démocratique.