8 mai 2023 à Lyon : résistance syndicale et populaire

La retraite à 64 ans, c’est toujours non !  Contre Macron et son monde, au moins 5 000 personnes ont manifesté à Lyon, le 8 mai 2023. C’est un exploit et un indice.

Un exploit

Un exploit : rassembler près de 6 000 manifestant·es en 2 jours.

Manifestation Lyon 8 mai 2023

Manifestation Lyon 8 mai 2023 © Armand C.

Susciter une vraie mobilisation en 2 jours à l’initiative de l’intersyndicale (même non complète) c’est remarquable. Regrouper des milliers de lyonnais·es – dont beaucoup de jeunes – dans un rassemblement puis dans une manifestation – non prévue – gardant son côté « bon enfant », joyeuse, mais en colère et déterminée, ce n’est pas rien !

Et les syndicats du Rhône : CGT, FO, SOLIDAIRES, FSU, CNT – l’ont fait : chapeau !

Après une prise de parole combative de l’UD CGT, ce fut le départ en manifestation non déclarée. Les organisateurs ont négocié, avancée dans la rue par avancées dans les rues, entre 2 gazages massifs, un parcours jusqu’à la Bourse du Travail, Place Guichard. Celle-ci a été atteinte après 2 h 30 de manifestation. Le Centre de la Mémoire et de la Déportation rue Berthelot – ex-siège de la Gestapo lyonnaise de Klaus Barbie – ainsi que la Gare des Brotteaux plus proches nous avaient été refusés.

« 8 MAI COMMÉMORER LA RÉSISTANCE C’EST DÉFENDRE SES CONQUÊTES ! PAS TOUCHE À NOS RETRAITES ! » (Banderole de tête)

Exploit aussi, car la banderole de tête et la direction de la manifestation, derrière les cheminots, a tenu bon malgré plusieurs gazages très intenses. Il faut souligner aussi le rôle important du véhicule de « Solidaires » expliquant les situations et donnant des consignes pour aider les manifestant·es. Ainsi, le cortège ne s’est pas disloqué et les organisations syndicales en sortent, à juste titre, légitimées.

Un « cortège de tête » d’une partie des participant·es très jeunes en mode « black bloc » s’est formé. Ses actions «  symboliques »  – feux de poubelles, minibarricades, devantures de banques ou abribus Decaux ciblés… mais allant jusqu’à s’en prendre à la porte de la Mairie (Écolos/ Gauches) du 3e arrondissement –  ne semblent pas convaincre. Elles commencent même à être vivement discutées, même si leur condamnation fait réagir aussi une large minorité qui dit les comprendre et même les défendre.

Un indice : derrière le refus des 64 ans, l’exigence d’un nouveau pacte social et démocratique, comme au temps du CNR ?

La massivité de cette manifestation s’explique, selon moi, par la rapidité avec laquelle les syndicats du Rhône ont réagi, dès l’annonce de la venue de Macron et d’autres ministres à Lyon, capitale de la Résistance, le 8 mai. Ils ont appelé très vite à un rassemblement sur le lieu même, la prison mémorial de Montluc. UD CGT en tête, mais aussi FO, SOLIDAIRES, FSU et CNT. Le communiqué d’appel était sans ambiguïté : « Macron à Lyon : La capitale de la Résistance mérite mieux, commémorons notre héritage social en défendant notre système de retraite ».

En ce sens, elles sont totalement en phase avec une attente forte : celle du renforcement de la lutte pour les retraites toujours en cours et celle du rejet de toute la politique antisociale et anti-démocratique de Macron et de son monde.

Manifestation Lyon 8 mai 2023 Hommage aux résistants © Armand C.

Manifestation Lyon 8 mai 2023      Hommage aux résistants      © Armand C.

Cette colère et cette attente viennent de rebondir et de s’approfondir ce 8 mai avec ce rassemblement «  casserolade » monstre. Ça a aussi été un rassemblement-hommage syndical et populaire à la Résistance et à ses acquis du CNR attaqués par Macron. Ceci avec une exigence montante de nouvelles avancées sociales et démocratiques et la mise en avant du danger de l’extrême-droite.

En effet : « Pas lui, car c’est lui qui fait, par sa politique sociale, le lit du RN » était la tonalité de l’intervention préliminaire au nom de l’UD CGT avant une minute de silence suivie du « chant des partisans ». Moment émouvant devant le portrait des syndicalistes résistant·es du Rhône fusillé·es. Hommage aux résistant·es des FTP-MOI. Et enfin, hommage aux victimes des massacres du 8 mai 1945 contre les populations algériennes de Setif et Guelma.

Alors que ce pouvoir interdit les concerts de casserole et autorise la manifestation nazie du GUD reconstitué, samedi à Paris, la question antifasciste n’est-elle pas en train de s’inviter dans la lutte des retraites à une échelle de masse ou n’est-ce qu’un syndrome lyonnais ?

La lutte contre la montée de l’extrême droite et ses causes devient indispensable. Ce que l’on entend du côté de la droite et du gouvernement qui semblent vouloir un débat national, voire un référendum et une nouvelle Loi sur l’immigration ne peut que la renforcer.

Du point de vue directement politique : présence visible, sous diverses formes (cortège, Pole avec drapeaux) du PC, NPA, FI,  Attac, UCL, ENSEMBLE !… (mais je n’ai peut-être pas tout vu). Ceci ne doit pas exonérer les partis de la Nupes comme ceux hors Nupes de notre camp social de leurs responsabilités pour construire une alternative politique nationale. Mais c’est une autre discussion.

En résumé : une manif stimulante qui faisait du bien et une rampe de lancement pour le 6 juin !

 

Lyon, le 9 mai 2023
Armand Creus