Depuis le 10 décembre 2023, le collectif des jeunes du parc de Belleville occupe la Gaîté Lyrique à Paris. La situation de ces mineur·es non accompagné·s est particulièrement difficile. En occupant des lieux culturels, ils parviennent à créer un rapport de force avec la Mairie de Paris et la Préfecture.

De jeunes Mineur·s Non Accompagné·es (MNA) occupent la Gaité Lyrique à Paris

Par Pierre1Pierre est militant de Droits devant!!, de la marche des Solidarités et d’ENSEMBLE!. Le  6 janvier 2024.

Court historique

Pour rappel, sur Paris, les mineur·es non accompagné·es (MNA)2Mineur non accompagné en France se sont organisé·es en créant le collectif des jeunes du parc de Belleville en septembre 2023.

Depuis, ces jeunes réclament :

  • Des hébergements dignes, où ils peuvent rester jusqu’à leur recours, qu’ils puissent être ensemble et en lien avec les réseaux de solidarité, syndicats et associations.
  • Une couverture médicale digne.
  • L’accès aux restaurants solidaires de la Ville de Paris pour se nourrir.
  • L’accès à l’école.
  • Des transports gratuits comme tous les mineurs d’Ile-de-France.
  • La présomption de minorité.
  • Raccourcir drastiquement la durée des recours.

Ils ont dû subir, au mois d’octobre 2023 – avec le soutien de la mairie de Paris – une opération de « mise à l’abri » organisée par la Préfecture. 3La rafle des jeunes du parc de BellevilleCertain·es parlent plutôt de rafle ! Ces jeunes migrant·s mineur·es, faute de prise en charge, campaient dans le parc de Belleville depuis juin 2023. À la date de l’évacuation, iels étaient 475

Ces jeunes ont très vite compris que leurs revendications ne pourraient aboutir que par la lutte.

Depuis plus d’un an, iels multiplient donc les manifestations en créant des liens avec les organisations luttant sur les terrains de l’antiracisme et du logement, entre autres.

Les occupations de lieux culturels sont un de leurs moyens d’action privilégiés. Après le 104, La Maison des métallos a été investie début avril 20234Les jeunes du collectif du parc de Belleville occupent la Maison des Métallos « pour la dignité », et ce, durant trois mois.

Mettre les pouvoirs publics en face de leurs responsabilités

L’objectif est, à chaque fois, de mettre les pouvoirs publics en face de leurs responsabilités.

Les MNA créent un rapport de force avec la Mairie de Paris et la Préfecture. Ces deux protagonistes se renvoient la balle et trainent des pieds pour accéder à ces revendications légitimes.

Quelques avancées

Malgré cela, les jeunes obtiennent quelques victoires :

Nouvelle occupation

Depuis le 10 décembre 2023, le collectif des jeunes du parc de Belleville occupe la Gaîté Lyrique6Jeunes du parc de Belleville : « Nous sommes abandonnés par l’État », un espace culturel dépendant de la Mairie de Paris. De 200 à 220 jeunes ont investi le lieu. À ce jour, iels sont 300.

Le samedi 4 janvier, s’est déroulée une AG sur le thème du logement où étaient invitées les organisations militant sur ce secteur. Cette AG a été suivie par environ 150 personnes.

Une grande banderole donnait le ton de la réunion : Stop aux expulsions. Des places, il y en a pour tous·tes !

Ce que disent les MNA

Trois délégués des MNA ont expliqué :

  • que s’il n’y a pas d’occupation, la Mairie ne reloge pas,
  • que malgré le discours sur l’égalité, la fraternité, la liberté, iels sont confronté·es à une politique raciste et que le Préfet leur fait sentir qu’iels ne sont pas les bienvenu·es,
  • qu’il y a des bâtiments vides et que la solution pour les reloger passe par leur réquisition,
  • que les conditions de vie sont difficiles et qu’iels sont un peu dépassé·es par le nombre de personnes occupant le lieu.

Les conditions de vie sont effectivement compliquées avec uniquement trois sanitaires et pas de douches.

D’autre part, les jeunes et les gens solidaires qui les accompagnent fournissent le petit déjeuner et le repas du soir. Cela coute 1 300 euros par jour. Les jeunes ont lancé une cagnotte dont voici le lien : https://www.helloasso.com/associations/liberte-egalite-papiers/formulaires/1

Le point de vue du DAL

Droit Au Logement (DAL) dans son intervention a rappelé :

  • que Macron s’était engagé dès sa prise de fonction à ce que personne ne vive dans la rue. Depuis, le nombre de personnes à la rue a explosé pour atteindre 330 000 personnes,
  • qu’il fallait plus que jamais demander l’abrogation de la loi Kasbarian qui pénalise l’occupation des logements vides, alors qu’il n’y a jamais eu autant de logements vides,
  • qu’il faut appliquer la loi sur la réquisition des logements vides.

Enfin, le Dal a appelé à la manif qui s’est déroulée ce dimanche.

Cette manif a rassemblé un petit millier de personnes dont approximativement 250 jeunes MNA. Manif néanmoins dynamique passant dans les beaux quartiers et se terminant place Vendôme devant les locaux du ministère de la Justice.

Notes