Niger : soutenir les démocrates et en finir avec l’ingérence politique et militaire française

ENSEMBLE! condamne le coup d’État survenu au Niger1Coup d’État de 2023 au Niger et apporte tout son soutien aux démocrates nigérien·nes pour le rétablissement de l’État de droit. Nous demandons également avec la plus grande fermeté la fin de l’ingérence politique et militaire française.

Les déclarations menaçantes du président Macron sur une possible réplique « immédiate et intraitable » de la France en cas d’attaque contre les ressortissant·es ou les intérêts français n’ont fait que jeter de l’huile sur le feu. Elles ont contribué à rallier une partie de la population aux putschistes, de même que les annonces de la diplomatie française sur son soutien aux sanctions économiques et aux préparatifs militaires annoncés par la CEDEAO2Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.

Les sanctions économiques imposées par la France et l’Union européenne – comme on l’a vu au Mali précédemment – ne pénalisent que la population, pourtant déjà l’une des plus pauvres du monde. Et une intervention militaire ne pourrait qu’embraser davantage un Sahel déjà profondément meurtri.

Depuis 50 ans, l’entreprise française (à capitaux publics) Orano (ex-Areva) exploite l’uranium du Niger sans que la population en ait profité, cela au prix d’une catastrophe écologique et sanitaire qu’elle camoufle.

Depuis des décennies, pour sécuriser cet approvisionnement en uranium utilisé pour le nucléaire civil et aussi militaire, les autorités françaises successives n’ont jamais ménagé leur soutien aux régimes les plus autoritaires dans le pays. Sous la présidence précédente de Mahamadou Issoufou, le président Macron vantait le modèle démocratique nigérien malgré les scandales de corruption et l’emprisonnement des militant·es qui les dénonçaient ou qui s’opposaient à la présence militaire française. Le président français est donc mal placé pour donner des leçons de démocratie.

Après que les militaires de l’opération Barkhane ont été chassés du Mali et du Burkina Faso, 2 500 militaires français·es sont resté·es au Niger et au Tchad (dictature à laquelle la France ne trouve rien à redire malgré les récents massacres de dizaines de manifestant.es), sans le moindre débat démocratique et malgré l’échec patent de la « guerre contre le terrorisme » mené par la France dans la région.

La guerre contre les groupes djihadistes ne les a pas fait reculer malgré les lourdes pertes qui leur ont été infligées par l’armée française, et sans doute même a favorisé les recrutements dans leurs rangs du fait qu’elle était menée par une armée étrangère.

Les régimes civils qui avaient fait appel à la France s’en sont trouvés encore davantage discrédités et leur renversement s’en est trouvé facilité au Mali, au Burkina et aujourd’hui au Niger.

L’impopularité de la politique africaine de la France s’aggrave au Sahel et plus largement en Afrique, et cela n’est pas le produit de la propagande russe, même si celle-ci souffle sur les braises. C’est d’abord le résultat d’une arrogance néo-coloniale qui n’a jamais cessé et qui doit prendre fin.

Il faut en finir avec les ingérences impérialistes en Afrique, qu’elles soient occidentales, russes ou chinoises, à commencer par les interventions et la présence militaire de la France.

 
Bagnolet, le 10 août 2023
ENSEMBLE!
Mouvement pour une alternative de Gauche Écologiste et Solidaire

Notes