La qualification des violences contre des personnes musulmanes demeure fluctuante – « haine antimusulmans » ou « actes antireligieux » – tandis que le terme « islamophobie » est l’objet de polémiques. Cela singularise les faits, dissimule leur ancrage structurel et affaiblit leur lisibilité publique. L’article de The Conversation fait le point.

Nommer l’islamophobie : un enjeu essentiel contre les violences faites aux musulmans

Par Ali Mostfa1Maitre de conférences sur le fait religieux islamique, UCLy (Lyon Catholic University). Publié le 18 mai 2025 par The Conversation.

L’assassinat d’un fidèle en pleine prière, le 25 avril 2025, dans la mosquée Khadidja de La Grand-Combe (Gard), a suscité des réactions politiques dissonantes. Tandis que le premier ministre dénonçait une « ignominie islamophobe », d’autres membres du gouvernement – dont le ministre de l’Intérieur, critiqué pour sa réaction tardive – ont refusé cette qualification. La controverse sur les mots met en lumière un enjeu plus profond : pourquoi les violences visant des musulmans peinent-elles à être reconnues ?


Le meurtre d’un fidèle en prière dans une mosquée ne relève pas seulement d’un fait divers tragique : il interroge les modalités de reconnaissance des violences visant des individus en raison de leur appartenance religieuse. En principe, de tels actes appellent une mobilisation équivalente de l’État, quelle que soit la communauté visée. Dans les faits, les réactions à l’attentat de La Grand-Combe (Gard) ont révélé un traitement différencié, marqué par une précaution terminologique et une implication politique inégale.

Le rapport parlementaire de mars 2025 s’appuyant sur la direction des libertés publiques et des affaires juridiques du ministère de l’Intérieur, rappelle que les actes antimusulmans souffrent d’une sous-déclaration massive, liée à la banalisation des faits, à la méfiance envers les institutions et à l’absence de qualification systématique du mobile discriminatoire. Ce traitement statistique contribue à minimiser l’ampleur réelle du phénomène, limitant ainsi les réactions politiques et médiatiques proportionnées.

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Notes
  • 1
    Maitre de conférences sur le fait religieux islamique, UCLy (Lyon Catholic University)