« Je souhaite qu’il soit construit, et je fais en sorte qu’il puisse être construit », pour ceux qui en auraient douté, cette énième déclaration du Ministre des Transports jeudi sur RMC confirme la volonté du gouvernement de mener à bien son projet de construction d’un nouvel aéroport à Notre Dame des Landes. Et, s’il ne fait guère de doute que c’est aujourd’hui principalement le climat social explosif en Bretagne qui a, au moins temporairement, conduit le Premier Ministre à ne pas débuter encore les travaux sur le site, c’est bien un affrontement frontal qui se prépare.
C’est dans ce climat que les organisations locales du Front de Gauche parties prenantes de la coordination des opposants (Alternatifs, GA, GU et PG) se sont adressées aux forces fédérées dans cette coordination pour préparer au mieux les étapes à venir : «Les résultats des nombreux recours juridiques, où, sans grande surprise, nous sommes assez systématiquement déboutés, contribuent à complexifier, aux yeux d’un large public et avec la connivence des médias, un dossier qui pourtant ne l’est pas et à faire douter du fait que le projet peut encore être arrêté, alors qu’il peut l’être. Et n’oublions pas AGO-Vinci, et son armada de conseillers juridiques, qui sont à pied d’œuvre. C’est pour cela qu’il nous paraît nécessaire non seulement de nous retrouver comme nous le faisons pour répondre à toutes les nouvelles échéances fixées par les promoteurs du projet et pour contester en les démontant chacun de leurs dossiers (le dossier NDL créateur d’emploi s’annonce à l’évidence le prochain), mais aussi de reprendre l’initiative sur l’ensemble du département pour (re)mobiliser et élargir notre réseau de sympathisant-e-s dans la période cruciale qui va s’ouvrir après la clôture la consultation sur les « espèces protégées ».
Pour y parvenir nous devons, plus que jamais, mettre nos réseaux et nos énergies en commun. Avec une obligation et un atout. L’obligation c’est de préparer une riposte pacifique la plus massive possible à une probable intervention policière sur le site lui-même pour commencer à le déménagement des espèces protégées. Avec ses déclinaisons locales : comment faire pour prévenir et compliquer cette intervention sur le terrain même, quelle(s) initiative(s) le jour de l’intervention et les jours suivants, tant localement que la construction d’une riposte nationale. L’atout c’est la campagne des municipales – que suivront les Européennes – qui nous fait obligation de mettre NDL au cœur de chaque réunion publique et de systématiquement interpeller les différent-e-s candidat-e-s. Dit autrement nous devons nous emparer de cette campagne politique pour, ensemble, peser et faire tout pour que les partisans de la construction de cet nouvel aéroport inutile et nuisible soient battus ».
Car c’est bien sur le terrain que va se jouer l’épreuve de force. Et sur le terrain, la structuration de la résistance grandit, notamment grâce à l’activité du COPAIN 44, le Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d’aéroport, rassemblé à l’initiative de la Confédération Paysanne.
En occupant la ferme de Bellevue, acquise par Aéroport du Grand Ouest AGO-Vinci*, et en empêchant sa destruction par l’installation de nouveaux exploitants, le COPAIN 44 a permis à la fois de reprendre l’initiative et de rassembler dans la lutte des opposant-e-s aux cultures diverses (ACIPA et ZAD notamment). Chaque temps de cette réappropriation des terres vivrières (semailles, ramassage des betteraves, etc…) est aussi l’occasion de rassemblements militants et festifs qui confortent et solidifient l’unité de la résistance citoyenne dans le respect de chacune des ses composantes.
Ainsi, samedi soir 23 novembre, pendant que se tiendront les assises constitutives de notre nouveau mouvement, à la Ferme de Bellevue ce sera Betterave Party et poules au pot, autour du COPAIN 44.
Et deux jours plus tard, nouveau rendez-vous devant la Justice, au tribunal de Saint Nazaire, pour soutenir Virgile Mazery, apiculteur professionnel dont la majorité des abeilles butinent sur le territoire de la Zad à Notre Dame des Landes depuis plusieurs années, assigné en référé par la société AGO-Vinci pour occupation illégale de terres agricoles.
François Preneau
* La maison de la Freusière, également acquise par AGO-Vinci, vient également d’être occupée pour empêcher sa destruction et défendre les terres agricoles.