Le OUI l’a donc emporté : pour celles et ceux qui combattent le projet de nouvel aéroport depuis des années, c’est une déception. Mais, au-delà du résultat global, certaines caractéristiques du vote permettent d’espérer pour la suite d’une lutte qui n’est certes pas terminée. La mobilisation des 9 et 10 juillet sur le site, qui s’annonce forte, en témoignera amplement.
Quand les résultats ont été confirmés dimanche dernier, avec la victoire du OUI (55%), nombre de militant-es se sont dit sans doute : « n’aurait-il pas été préférable de boycotter cette consultation tronquée et truquée ? ». Réaction normale, tant les dés étaient pipés. Mais, à la réflexion, il n’était pas possible de refuser un vote alors que nous critiquons depuis des années le déni de démocratie que représente ce projet. D’ailleurs, l’immense majorité des opposant-es s’était prononcée pour le NON. Et a mené une campagne intense, très mobilisatrice, rassemblant des centaines de personnes. Une campagne qui a permis d’informer des dizaines de milliers d’habitant-e-s à propos du projet.
Cette participation à la consultation n’a pas empêché l’ACIPA et les diverses organisations qui ont mené campagne contre le projet de dénoncer les conditions de la consultation. Au-delà du manque d’information (il fallait aller la chercher sur un site internet ou dans les mairies) et de sa partialité, au-delà de la différence des moyens entre les deux camps, la critique du choix du périmètre est essentielle. La limitation du vote au seul département de la Loire Atlantique, alors que l’aéroport de NDDL se veut celui du Grand Ouest et que son financement repose sur plusieurs départements, est une manœuvre et un scandale. Il est clair que ce périmètre avait été choisi en fonction des sondages favorables au OUI et non de la problématique régionale qui est censée être à la base du projet.
Ceci dit, l’analyse du scrutin montre un certain nombre de points forts en faveur du NON, mais aussi ses limites. Tout d’abord, un constat s’impose : l’électorat de gauche a massivement voté NON, malgré l’engagement en faveur du projet du Parti socialiste, qui le porte depuis des années, et, malheureusement, du PCF. A signaler qu’un certain nombre de militant-es de ce parti, dont les responsables des fédérations de Vendée et du Morbihan, ont appelé à voter NON. A Nantes, le OUI ne gagne que de 100 voix et à Rezé, ville également dominée par le PS, le NON l’emporte. La carte du OUI recoupe très largement celle de la droite, à l’exception du secteur de Saint-Nazaire. Autre aspect significatif du NON : sa force dans des communes ou la propagande pour le OUI insistait sur les risques et les nuisances liés au survol des avions vers l’actuel aéroport : à Bouguenais, le OUI est majoritaire de très peu alors que la ville est en plein dans la zone de survol. Encore un des arguments des pro-aéroports qui s’envole. De la même manière, le vote NON fut massif dans des communes proches de la ZAD, décrite par la droite comme un repaire de brigands !
Ces résultats montrent la force des préoccupations écologiques et leur progression au sein de l’électorat de gauche. D’autres aspects de ces résultats soulignent, en revanche, les difficultés, notamment dans les milieux populaires, qui, à Nantes, se sont beaucoup abstenus. D’autre part, une partie des milieux populaires, notamment dans des zones délaissées comme le Nord-Est du département, a voté OUI, croyant dans les effets positifs pour l’emploi qui seraient induits par le nouvel aéroport, espérance bien illusoire. Plus profondément, cela traduit les difficultés de l’écologie à s’impose dans les milieux populaires les plus touchés par la crise et cela doit faire réfléchir celles et ceux pour qui le combat écologiste est inséparable des luttes sociales. Enfin, un phénomène conjoncturel a sans doute joué en faveur du OUI : les violences dans les manifs de Nantes, que la droite a abondamment exploitées, les présentant comme liées aux habitant-e-s de la ZAD, accusation sans fondement mais reprise à satiété par les propagandistes de la construction du nouvel aéroport.
Les semaines et les mois qui viennent vont être difficiles, le Gouvernement pouvant se prévaloir du succès du OUI. A cet égard, certaines réactions d’opposants sont inquiétantes, comme celle de de Rugy, acceptant le verdict, mais son soutien au Gouvernement met au rencart ses préoccupations écologistes. Plus ennuyeuse parce que venant d’un personnage jouissant de davantage de considération, la déclaration de Nicolas Hulot, « attristé » par le résultat, mais disant l’accepter. Comme l’ACIPA, les paysans en lutte, les habitant-e-s de la ZAD, les militants et militantes du NON, nous nous ne nous sentons pas liés par cette consultation faite sur mesure pour les partisans de NDDL au mépris de la démocratie. Le mouvement populaire contre ce projet inutile et dangereux demeure fort et plus déterminé que jamais. Il continue d’affirmer que Notre – Dame – des – Landes ne se fera pas. Il en va de la lutte pour défendre la société contre les intérêts capitalistes : « Notre environnement vaut plus que leurs profits ».
Ensemble! 44
Pour voir les images de la mobilisation des NON le soir des résultats, à Notre Dame des Landes.