Ils ne sont pas nombreux et son geste n’en est que plus fort symboliquement : Tal Mitnick a refusé son enrôlement dans l’armée israélienne. Il explique ses raisons dans une lettre publiée en français par Libération.
« Je refuse de participer à une guerre de vengeance » : lettre d’un objecteur de conscience israélien
Libération publie la lettre du premier objecteur de conscience israélien dans le conflit actuel. Tal Mitnick, âgé de dix-huit ans, refuse de participer à ce qu’il dit être un bain de sang et il appelle à un changement politique profond.
C’est le premier objecteur de conscience dans le conflit qui oppose Israël au Hamas depuis le samedi 7 octobre 2023 et le massacre par l’organisation islamiste qui a fait au moins mille cent quarante morts selon un décompte de l’Agence France Presse (AFP). Tal Mitnick, âgé de dix-huit ans, a refusé de s’enrôler dans l’armée israélienne. Libération a choisi de publier sa lettre, traduite dans son intégralité, pour ce qu’elle dit du conflit et de la manière dont il est vécu en Israël.
Cette terre a un problème, deux nations y ont tissé un lien indéniable. Même avec toute la violence du monde, nous ne pourrions pas effacer le peuple palestinien ou son lien avec cette terre, tout comme le peuple juif et notre lien avec cette même terre ne peuvent pas être effacés. Le problème ici relève d’une forme de suprématie, la croyance que cette terre n’appartient qu’à un seul peuple. La violence ne peut résoudre ce problème, ni de la part du Hamas, ni de la part d’Israël. Il n’y a pas de solution militaire à un problème politique. C’est pourquoi je refuse de m’enrôler dans une armée qui croit que le vrai problème peut être ignoré, sous le couvert d’une guerre civile, avec un gouvernement qui ne fait qu’entretenir le deuil et la douleur.
Le samedi 7 octobre 2023, la société israélienne a vécu un traumatisme sans précédent dans l’histoire du pays. Au cours d’une terrible invasion, l’organisation terroriste Hamas a assassiné des centaines de civils innocents et en a enlevé des centaines d’autres. Des familles ont été assassinées dans leurs maisons, des jeunes ont été massacrés lors d’une rave et deux cent quarante israéliens ont été enlevés dans la bande de Gaza. Après l’attaque terroriste, une campagne de vengeance a commencé non seulement contre le Hamas, mais aussi contre l’ensemble du peuple palestinien, des bombardements aveugles de quartiers résidentiels et de camps de réfugiés à Gaza, un soutien militaire et politique total à la violence des colons en Cisjordanie et une persécution politique d’une ampleur sans précédent à l’intérieur d’Israël. La réalité dans laquelle nous vivons est violente. Selon le Hamas, mais aussi selon l’armée et la classe politique israélienne, la violence est la seule solution. La poursuite de la logique de la loi du Talion, sans réfléchir à une véritable solution qui nous apporterait à tous sécurité et liberté, ne conduit qu’à plus de tueries et de souffrances.
Je refuse de croire que plus de violence nous garantira plus de sécurité. Je refuse de participer à une guerre de vengeance. J’ai grandi dans un foyer dans lequel la vie est sacrée, le dialogue est valorisé et la communication et la compréhension passent toujours avant la violence. Dans le monde plein de corruption dans lequel nous vivons, la violence et la guerre sont un moyen détourné pour accroître le soutien au gouvernement et pour faire taire les critiques. Nous devons reconnaître le fait que, après des semaines d’opérations terrestres à Gaza, au bout du compte, ce sont des négociations et un accord qui ont permis le retour d’otages et que c’est l’action militaire qui a causé la mort des autres. A cause du mensonge criminel selon lequel il n’y a pas de civils innocents à Gaza, même des otages agitant un drapeau blanc et criant en hébreu ont été abattus. Je n’ose pas imaginer le nombre de situations similaires qui n’ont pas fait l’objet d’une enquête, parce que les victimes sont nées du mauvais côté de la barrière.
Les israéliens qui ont dit qu’il ne fallait pas de négociations avec le Hamas se sont tout simplement trompées, point à la ligne. La diplomatie et un changement de politique sont les seuls moyens d’empêcher de nouvelles destructions et de nouveaux morts des deux côtés.
[…] Pour lire la suite de la lettre de Tal Mitnick…
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