L’armée israélienne diffuse des images des massacres du 7 octobre. Les Palestiniens, celles des victimes de la colonisation ou des bombardements. Thomas Vescovi est historien, chercheur indépendant, spécialiste d’Israël et des Territoires palestiniens occupés. Pour lui, ni les unes ni les autres ne peuvent justifier des crimes ou des logiques de vengeance. Œuvrer en faveur de la justice et de la paix, implique de soutenir une solution politique sans occupation ni colonisation.
Entre Israéliens et Palestiniens, il n’y a pas de hiérarchie dans l’horreur
Par Thomas Vescovi. Le 19 novembre 2023
En 2012, une association étudiante de Bethléem m’invite à la projection d’un mini film, Our story, retraçant l’histoire du peuple palestinien. Pendant 52 minutes, entre cartes et graphiques, se succèdent des témoignages glaçants et une multitude de séquences insoutenables : un prisonnier torturé, un homme se faisant briser le bras à coup de crosse par des soldats israéliens, un enfant utilisé comme bouclier humain par des garde-frontières, des corps de bébés en lambeaux ou carbonisés sortis des décombres, des enfants ou adolescents tués par balles…
À ces images, bien d’autres s’y sont ajoutées depuis. Les larmes de la mère de Razan, cette jeune infirmière de Gaza tuée par un sniper israélien lors des marches non-violentes de 2018. Ce père de famille battu par des soldats israéliens devant ses enfants en pleurs. Ces écoliers dans le sud de la Cisjordanie pris pour cible par des colons sous le regard de soldats. Cette mère qui me reçoit dans son appartement d’un camp de réfugiés en Cisjordanie, me montrant des photographies de son fils d’à peine quinze ans, tué quelques jours plus tôt lors d’une opération israélienne. Cet enfant de trois ans, tremblant de tout son corps, en sang, demandant où est sa mère, sur un lit d’un hôpital de Gaza. Son immeuble venait d’être touché par un bombardement.
Si pour aucun d’entre eux, justice ne sera rendue, il ne m’est jamais venu à l’esprit de considérer que ces moments vécus, ou ces images, pouvaient justifier tout acte de terreur ou de barbarie à l’encontre de civils israéliens. Jamais.
Depuis plusieurs semaines, l’armée israélienne diffuse un condensé de 47 minutes des images filmées par le Hamas le 7 octobre. La presse israélienne (Jerusalem Post notamment) avait déjà relayé quelques séquences innommables, remplies de violence et de haine. Je n’ose imaginer le contenu de ce film dont certains journalistes ou responsables politiques […] ont détaillé le contenu. À ces scènes s’ajoutent celles des civils capturés et transportés vers Gaza.
Reste que peu de journalistes, témoignant avoir assisté à l’une de ces projections, s’interrogent simplement sur l’objectif de l’armée israélienne d’avoir monté un tel film. Et ce alors même que les réactions observées sur les réseaux sociaux suffisent à comprendre le but fixé.
[…]
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