Le texte d’Ilan Pappe sur lequel nous attirons l’attention revient sur l’histoire de la colonisation sioniste de la Palestine. Il montre le coût financier, mais surtout humain de ce processus. Il redit son espoir dans la jeune génération palestinienne. Son espoir : mettre fin au projet sioniste de vider la Palestine de ses habitants autochtones, pour ouvrir une nouvelle ère et bâtir un monde meilleur pour tous ses habitants.
Un mur et une tour de guet : pourquoi Israël va-t-il d’échec en échec ?
Par Ilan Pappe1Ilan Pappe est professeur à l’université d’Exeter. Il était auparavant maître de conférences en sciences politiques à l’université de Haïfa. Il est l’auteur de Le nettoyage ethnique de la Palestine, The Modern Middle East, A History of Modern Palestine : One Land, Two Peoples, et Ten Myths about Israel. Pappé est décrit comme l’un des « nouveaux historiens » d’Israël qui, depuis la publication de documents déclassifiés par les gouvernements britannique et israélien au début des années 1980, ont réécrit l’histoire de la création d’Israël en 1948. Publié le 10 décembre 2023 par Chronique de Palestine
Tout a commencé avec Homa et Migdal, les mots hébreux pour mur et tour de guet.
Il est fort possible que les premiers théoriciens et dirigeants du mouvement sioniste, à la fin du XIXe siècle en Europe, aient cru, ou espéré, que la Palestine était une terre vierge et que, s’il y avait des gens là-bas, c’était de tribus nomades sans racines qui ne possédaient pas de terre.
Si tel avait été le cas, les réfugiés juifs qui se sont installés sur cette terre vierge auraient sans doute pu construire une société prospère et auraient peut-être trouvé le moyen de vivre en paix avec le monde arabe.
Hélas nous savons que bon nombre des premiers architectes du sionisme étaient parfaitement conscients du fait que la Palestine n’était pas une terre sans habitants.
Les architectes du sionisme étaient, comme tous les Européens, trop racistes pour se rendre compte que la société palestinienne était très évoluée pour l’époque, avec une élite urbaine éduquée et politisée et une communauté rurale vivant en paix dans un véritable système de coexistence et de solidarité.
La société palestinienne était au seuil de la modernité – comme tant d’autres sociétés de la région ; c’était un mélange d’héritage traditionnel et d’idées nouvelles qui était en train de parfaire leur identité nationale et leur vision de la liberté et de l’indépendance sur la terre qu’ils avaient habitée pendant des siècles.
Les sionistes savaient certainement que la Palestine était la terre des Palestiniens, mais ils percevaient la population autochtone comme un obstacle démographique qui devait être supprimé pour que le projet sioniste de construction d’un État juif en Palestine aboutisse.
C’est ainsi que l’expression sioniste « la question palestinienne » ou « le problème palestinien » est entrée dans le lexique politique mondial.
Aux yeux des dirigeants sionistes, ce « problème » ne pouvait être résolu qu’en déplaçant les Palestiniens et en les remplaçant par des immigrants juifs.
En outre, la Palestine devait être arrachée au monde arabe et devenir un poste avancé au service du projet de l’impérialisme et du colonialisme occidentaux de s’emparer de l’ensemble du Moyen-Orient.
Tout a commencé avec Homa et Migdal – les mots hébreux pour mur et tour de guet.
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Notes
- 1Ilan Pappe est professeur à l’université d’Exeter. Il était auparavant maître de conférences en sciences politiques à l’université de Haïfa. Il est l’auteur de Le nettoyage ethnique de la Palestine, The Modern Middle East, A History of Modern Palestine : One Land, Two Peoples, et Ten Myths about Israel. Pappé est décrit comme l’un des « nouveaux historiens » d’Israël qui, depuis la publication de documents déclassifiés par les gouvernements britannique et israélien au début des années 1980, ont réécrit l’histoire de la création d’Israël en 1948