La Sécurité sociale de l’alimentation consiste à créer de nouveaux droits sociaux visant à assurer conjointement un droit à l’alimentation, des droits aux producteurs d’alimentation et la protection de l’environnement. Notre camarade Danièle Mauduit présente un extrait de la charte dont s’est doté le collectif SSA 22 au moment de sa mise sur pied en novembre 2021, mais qui est toujours actuelle. Une sorte d’argumentaire.

Pourquoi la SSA ?

Extrait de la charte du collectif SSA 22. Validée le 8 novembre 2021.

Pourquoi la SSA ?

=>  Parce que…

La nourriture est un bien commun à produire dans le respect de l’environnement par des paysans et des transformateurs bien rémunérés. Chacun·e a droit à une nourriture, goûteuse, nutritive et saine. Elle doit être sans pesticides, sans OGM, sans perturbateurs endocriniens, sans antibiotiques, sans colorants, sans exhausteurs de goût, ni trop salée, ni trop sucrée, ni trop transformée. La nourriture doit être source de plaisir et de santé.

=> Parce que…

L’agriculture industrielle, chimique et surmécanisée, est en train de déposséder les paysans de leurs terres et de leur métier. Elle détruit les sols et les écosystèmes, pollue l’eau, l’air, les sols et jusqu’au contenu de notre assiette. Elle produit des excédents sans éviter la faim ni la malbouffe.

=> Parce que…

L’agriculture industrielle, pour obtenir les coûts de production les plus bas possibles, a nié la réalité des terroirs et standardisé la production et l’alimentation. Elle a réduit la biodiversité. Pour profiter d’une main d’œuvre mal traitée ou de matières premières bon marché, elle pousse à la déforestation et aux transports sur de longues distances.

=> Parce que…

Des agronomes, des paysans résistants dans leurs fermes ont mis au point des modes de production, sans produits chimiques. Ils utilisent plus de main d’œuvre, des espèces et des variétés locales résistantes et du matériel plus sobre. Les exploitations à taille humaine leur permettent de connaître le bétail et l’état de leurs champs sans satellites ni drones. Elles consomment moins d’eau et d’énergie et produisent une nourriture saine, qui peut être distribuée localement.

=> Parce que…

L’agriculture industrielle est gavée de subventions publiques. Celles-ci n’en finissent pas de la soutenir et de payer les externalités négatives (en termes de santé, de pollution). Or, elle ne protège pas les paysans et elle n’assure ni la souveraineté alimentaire, ni la sécurité alimentaire : 8 millions de Français ont dû recourir à l’aide alimentaire en 2020.

=> Parce que…

Nous proposons d’accorder 150€ par personne et par mois, à dépenser dans des circuits validés par les consommateurs. Cette somme sera financée par des cotisations sociales prélevées sur la valeur ajoutée de l’économie. C’est le moyen d’assurer, au-delà des nécessaires mesures d’urgence, une sécurité de vie pour toutes et tous face à un secteur marchand inadapté et à un secteur social défaillant.

=> Parce que…

Nous proposons de transférer les subventions accordées à l’agrobusiness à l’agriculture paysanne bio, ou en conversion bio. C’est le moyen de donner aux paysans les moyens de vivre de leur travail, de prendre soin de leurs productions et de l’environnement. Ils pourront alors mettre en place des petites structures de transformation et de commercialisation, impulser une dynamique dont l’objectif est la santé des hommes et de la nature dans une société plus juste et plus solidaire.

=> Parce que…

L’aide est discriminante et ne laisse pas le choix à celui qui la reçoit et qui est trop souvent rejeté dans le statut d’assisté. Dans une société, où les actionnaires, qui s’enrichissent en dormant, se sont accordés d’indécents privilèges incompatibles avec la démocratie, le droit à alimentation est un moyen de desserrer l’étau de l’agrobusiness qui impose ses normes et sa force de frappe financière et politique pour conquérir de nouveaux marchés quel qu’en soit le prix.

=> Parce que…

« L’aide alimentaire est devenue une filière d’écoulement pour le secteur agroalimentaire ». Sa valeur annuelle est estimée à 1,5 milliard d’euros, assurée en grande partie par le travail de 200 000 bénévoles. La valeur de leur travail est estimée à 600 millions €, ni payés, ni soumis à cotisations. Trois cents millions de défiscalisations profitent aux producteurs et distributeurs. L’aide alimentaire coûte moins cher que les coûts de destruction de nourriture invendable. D’après Télérama, 14 avril 2021.

=> Parce que…

Permettre à tous de bien manger, bio et local autant que possible, est la garantie d’une meilleure santé. Limiter les revenus des plus riches, c’est limiter les gaspillages. Remplacer une agriculture d’exploitations en extension perpétuelle, aux cultures peu diversifiées, aux élevages hors-sol par une agriculture qui renoue avec la polyculture-élevage et la biodiversité, c’est limiter les risques de pandémie, c’est inverser les priorités.

=> Parce que…

Les logiques marchandes traitent la nourriture comme une marchandise, spéculent, organisent des pénuries pour faire monter les prix. L’instabilité du climat rend les productions agricoles plus incertaines. Des productions relocalisées et reprises en main par les producteurs et les consommateurs locaux solidaires sont seules capables de compenser les aléas climatiques et financiers, générateurs de crises à répétition.